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Il faut allier la transition énergétique et le développement durable grâce aux énergies nouvelles et renouvelables dans le Sahara
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L’ancien gouvernement de Chahed avait « décimé » les structures administratives du département de l’énergie
Dans une interview accordée, ce matin du mercredi 20 mai 2020, à notre collègue Anis Meraï sur les ondes de RTCI, Khaled Kaddour, ancien ministre de l’Energie, a traité de l’état des lieux actuel de l’énergie, et ce dans le cadre du programme de la Transition énergétique et le développement durable.
L’invité de RTCI a évoqué une certaine reprise après une stagnation nuisible pour le secteur à cause des décisions incompréhensibles prises par l’ancien gouvernement de Youssef Chahed en 2018 avec l’élimination de toutes les structures du ministère de l’Energie, carrément supprimé.
Khaled Kaddour assure que pourtant, il y avait un programme ambitieux pour réaliser un véritable saut en la matière grâce à la mise en place d’un nouveau modèle de développement alliant trois axes, en l’occurrence l’économie, le social et l’environnement.
En effet, la Tunisie avait adopté, en 2014, une politique de transition énergétique visant à réduire de 30% sa consommation d’énergie primaire à l’horizon 2030. En parallèle, elle tend à augmenter la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité de 30% d’ici 2030.
De nombreuses mesures ont été adoptées dont la création, en 2014, du Fonds de transition énergétique, ou la promulgation, en 2015 de la loi relative à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables.
Ainsi, il était prévu de booster les énergies nouvelles et renouvelables, notamment le renforcement de l’énergie photovoltaïque et éolienne, avec le lancement, dès 2017, des appels d’offres nécessaires pour la construction de centrales sachant qu’une enveloppe de 3 milliards de dinars était prévue pour la construction de nombre de centrales produisant des énergies renouvelables pouvant aller jusqu’à mille mégawatts
Mais un coup d’arrêt a été donné à ce programme, mais l’espoir est grand d’une reprise en force avec la réussite de la mise sur pied d’une première centrale photovoltaïque de 10 mégawatts à Tataouine grâce à une étroite collaboration entre la société nationale de l’ETAP et celle italienne de l’ENI.
L’ancien ministre a révélé l’existence de projets colossaux dans le cadre de concessions dans le Sahara portant sur des centrales de plus grande puissance pouvant atteindre 100 voire 500 mégawatts avec des accords impliquant, bien entendu la STEG, le tout à des coûts asses bas, ce qui serait très avantageux pour la société tunisienne d’électricité.
Il faut dire, a-t-il ajouté, qu’il est intéressant de réaliser ces projets dans le cadre d’une vision globale de développement durable et intégral dans les zones du Sahara, ce qui créerait des dynamiques économiques et sociales positives pour les populations du Sud où le désert représente un tiers du territoire national.
En effet, précise t-il encore, on aurait pu voir naître cinq zone de développement dans le désert, mais malheureusement tout a été stoppé après 2018, sans oublier un autre décret malheureux émis par le dernier gouvernement juste le dernier jour de son existence, ce qui est aberrant.
Toujours est-il qu’il faut, désormais, retrousser les manches pour espérer rattraper le temps perdu en développant de grands projets dans le Désert touchant divers secteurs dont ceux touristiques et agricoles.
Pour avoir un aperçu concret de l’ampleur des pertes de la Tunisie, Khaled Kaddour déplore un recul de la, en matière de transition énergétique, de 17 places, passant de la 72ème place en 2019 à la 89ème place en 2020 dans le classement relatif à l’Indice de transition énergétique du Forum économique mondial de Davos, regroupant les performances des systèmes énergétiques de 115 pays.
Dans le même ordre d’idées, score de la Tunisie, obtenu sur une échelle allant de 0 à 100%, est passé de 52% en 2019, à 48,2% en 2020, selon le même classement.
En tout état de cause, Khaled Kaddour lance un appel au nouveau ministre de l’Energie, Mongi Marzouk qu’il qualifie de grande compétence dans ce domaine, en vue de mettre en place un agenda précis et ambitieux pour la reprise sur de nouvelles bases solides et saines sans préjugés et sans les calculs personnels.
Noureddine HLAOUI