En vous promenant dans les rues des villes tunisiennes, il y a de fortes chances que vous rencontriez des animaux errants, principalement des chats et des chiens. Ils survivent en fouillant dans les ordures. Evidemment ils se produisent et se multiplient dans les rues, ce qui n’améliore pas la situation.
Il suffit de taper « abandon de chien » sur le moteur de recherche YouTube pour voir apparaître des milliers de résultats et, sur Google, en écrivant « abandon d’animaux », le chiffre explose littéralement ! !
Afin de fournir de l’espoir et un avenir prometteur aux animaux de compagnie maltraités ou abandonnés en Tunisie, le jeune entrepreneur Khalil Ben Said a créé, en 2020, sa start-up Animadop. Interview.
Qu’est-ce qu’Animadop ? Et comment est né le projet ?
Animadop est une plateforme d’adoption, de vente et de recherche d’accompagnement des animaux perdus et des animaux trouvés. Elle est dédiée aux « animals lovers » et aux professionnels du métier. La plateforme contient aussi un espace marketplace. Il s’agit d’une boutique en ligne pour vendre des produits et des accessoires 100% tunisiens pour les animaux.
Le projet est né par amour d’animaux. Beaucoup souffrent et meurent dans la rue où sont euthanasiés faute de place dans les refuges, de disponibilité d’un foyer prêt à les adopter ou de problèmes de santé ou comportementaux qui résultent souvent de l’abandon.
D’autres soucis s’ajoutent, les problèmes liés à Facebook. Les publications des personnes qui cherchent un animal à adopter ou qui veulent vendre leurs animaux, disparaissent au fil du temps. D’où vient l’origine de l’idée Animadop qui permet, également, de mieux effectuer les recherches et les rendre beaucoup plus ciblées pour les personnes intéressées par une race spéciale.
Quant au marketplace, il vise à encourager les petits entrepreneurs tunisiens et promouvoir les produits locaux.
Quel est votre business model ?
Le business model change d’une semaine à une autre, selon les contraintes du terrain, telles que les lois et la structure juridique. Il faut simplement s’adapter à la demande de l’utilisateur.
Est-ce que vous envisagez une levée de fond ?
On a fait une demande de levée de fonds auprès de FlaT6Labs. Et on a été contacté par un investisseur que je ne vais pas nommer, et ce, après un passage à une radio de la place.
Quelle est votre cible ? Et quelle stratégie adoptez-vous pour communiquer auprès de cette cible ?
Notre cible primordiale c’est les « animal lovers », puis les éleveurs, les vétérinaires et tous les professionnels du domaine animalier.
Notre première stratégie est purement digitale, à travers notre compte Instagram où on essaie de sensibiliser les gens contre l’abandon des animaux avec une manière sympathique et attirante d’une part, et on fait la promotion des animaux disponibles sur la plateforme d’autre part.
Outre le digital, on essaie toujours d’être présent lors des événements. D’ailleurs, il y avait récemment un DogShow au Kram, qui réunit chaque année tous les « animal lovers » en Tunisie, auquel on a pris part.
Comment sensibiliser contre l’abandon des animaux de compagnie ?
Ce qui me déçoit souvent qu’en Tunisie on a tendance à adopter ou on acheter les animaux parce qu’ils sont « beaux » ou parce qu’ils nous semblent « beaux », or cet animal ne correspond pas à notre caractère ou il n’est pas adopté à l’environnement dont on vit. Avant d’adopter ou d’acheter un animal, il faut bien faire ses recherches.
En ce sens, on va ajouter, dans notre plateforme, des fiches techniques détaillées pour chaque animal, afin d’éviter ce genre de problèmes.
En outre, de nombreuses personnes prennent un animal sur un coup de tête ou en offrent en cadeau, sans se rendre compte de l’engagement de long terme que cela implique. Lorsqu’elles découvrent que s’occuper d’un animal nécessite davantage d’efforts, d’argent, de temps et de patience qu’elles ne l’avaient imaginé, ils finissent souvent par abandonner leur loyal compagnon.
Pour défendre la cause animale, il faut donc sensibiliser le public aux drames de l’abandon.
Quelles difficultés rencontrez-vous au cours de votre vie de jeune start-uppeur ?
Au début, on était critiqué par les défenseurs car on vend les animaux dans notre plateforme. Ils nous ont attaqué en refusant que les animaux soient des produits à vendre. Personnellement, je pense qu’une vente bien organisée est beaucoup mieux qu’une adoption mal faite et qui manque de recherches.
Avant d’être un start-uppeur, le fait de postuler pour le Start-up Act, tout n’était pas mentionné. Citons l’exemple de l’allocation donnée au co-fondateur en phase de lancement pour couvrir les frais de vie pendant un (01) an, je n’avais pas ce privilège parce j’étais encore un étudiant. Chose qui n’était pas mentionnée dans le site.
Pour ce qui est de la création d’entreprise, j’ai souffert, comme tous les tunisiens, du problème de paperasse tout au long du processus. La digitalisation de l’Administration reste une priorité à revoir absolument !
Quel est votre secret de réussite à partager avec les jeunes start-uppeurs et votre conseil ?
Les plus grands entrepreneurs sont tous unanimes : vous ne ferez jamais aussi bien les choses que si vous êtes passionnés. Pour se lancer, il faut arrêter de parler et commencer à agir.
Foncez et vous verrez très vite que l’entrepreneuriat instaure un cercle vertueux et une volonté constante de dépassement, d’apprentissage et d’amélioration.
Quand vous ressentirez cela… c’est que vous serez sur les bons rails !
Soyez fort, persistez et signez !