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Les crédits documentaires ouverts par les banques pour gérer les transactions commerciales suspendus
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Sur 98 produits de la nomenclature du système harmonisé, 42 sont dynamiques et représentent 77% des exportations totales de la Tunisie sur la Libye
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La crise a des répercussions énormes sur les entreprises, dans la mesure où la Libye constitue un débouché de choix pour les entreprises tunisiennes
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Le remplacement de l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Libye (BCL), fin août dernier, à Tripoli aura certainement des conséquences néfastes sur la Tunisie. Le président du Conseil supérieur tuniso-libyen des hommes d’affaires, Abdel Hafedh Al-Sakroufi, a déclaré que cette crise a un effet sur les échanges économiques entre les deux pays dont la valeur s’est élevée à la fin de l’année 2009, à 1,25 milliards de dollars, soit environ 2 milliards de dinars tunisiens.
Dans une déclaration à la JANA (Libyan News Agency), Al-Sakroufi a indiqué que les crédits documentaires ouverts par les banques pour gérer les transactions commerciales ont été suspendus depuis le début de la crise de la CBL. Ainsi, un retard dans le décaissement des fonds au titre du budget libyen a eu lieu et les crises successives pourraient entraver les objectifs d’augmentation des transactions économiques entre les deux pays, bien que le flux des biens et des personnes entre la Tunisie et la Libye se soit amélioré récemment après la réouverture du poste frontalier de Ras Jedir, après une fermeture qui a duré plus de trois mois.
Selon l’institut tunisien de compétitivité et des études quantitatives (ITCEQ), la Libye a toujours constitué un marché potentiel pour la Tunisie non seulement eu égard à sa proximité géographique mais aussi à la bonne relation de voisinage entre ces deux pays. Parmi les pays du Maghreb, seule la Tunisie figure dans le groupe des 20 premiers exportateurs vers la Libye et occupe une position satisfaisante. L’examen de la croissance des importations libyennes, sur la période 2011-2020, montre que sur 98 produits de la nomenclature du système harmonisé, 42 produits sont dynamiques et représentent 77% des exportations totales de la Tunisie sur la Libye.
En 2020, la Tunisie figure parmi les 20 premiers exportateurs et maintient sa position comme premier fournisseur de la Libye bien que sa part de marché ait connu une baisse passant d’environ 45% en 2001 à 39% en 2010 et à près de 25% en 2020.
Cette crise a également des répercussions énormes sur les entreprises, dans la mesure où la Libye constitue un débouché de choix pour les entreprises tunisiennes et la proximité géographique entre les deux pays permet la rapidité ainsi que la fluidité des échanges. La Tunisie exportait chez son voisin principalement des produits alimentaires, des biens de consommation ainsi que des matériaux de construction et importait du pétrole à tarif préférentiel. Avant la Révolution, près de 200 mille Tunisiens travaillaient en Libye. La demande en main d’œuvre et le faible coût de la vie rendaient le pays attractif pour les ouvriers et techniciens tunisiens.
De plus, pour les entreprises tunisiennes, il est simple de commercer avec la Libye. Les démarches administratives étaient peu nombreuses, les Libyens payaient comptant et acheminaient leurs marchandises parfois eux-mêmes.
Il est important également de rappeler qu’il existe en parallèle de ces échanges officiels un commerce informel intense entre les deux pays, dont la « capitale » est Ben Guerdane. Ce trafic, s’insérant dans un système d’échange mondialisé. Ce trafic fait vivre les populations des régions frontalières tunisiennes comme libyennes qui peuvent ainsi acheter des biens de consommations à moindre frais. Les échanges illégaux sont sans doute plus importants que les échanges formels entre la Tunisie et la Libye.
Il est à signaler à ce propos que les relations entre El Kabir et le premier ministre Abdul Hamid Dbeïbah, basé à Tripoli, n’ont pas cessé de se détériorer au cours de l’année écoulée, ce qui a abouti à l’ordre, le 18 août, de remplacer le banquier central à la suite d’accusations concernant sa mauvaise gestion des fonds.
Al-Kabir estime que cette décision est illégitime. Son soutien aux factions de l’est de la Libye a ravivé les tensions entre les administrations concurrentes. Quelques jours après, une délégation du gouvernement a tenté d’entrer dans les bureaux de la banque à Tripoli pour installer un nouveau conseil d’administration, mais elle a été bloquée par le personnel de sécurité.