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Rached Ghannouchi manœuvre pour devenir le réel détenteur du pouvoir !
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Rébellion attendue de la nouvelle génération du parti islamiste contre l’archaïsme de son chef
Zied Laâdhari, député et ancien ministre, a confirmé, jeudi 28 novembre 2019, sa détermination à démissionner du secrétariat général d’Ennahdha et du bureau exécutif du parti.
Laâdhari, 44 ans, a annoncé, sur sa page officielle Facebook, sa décision de renoncer à toutes ses responsabilités au sein du parti Ennahdha et demandé au président du mouvement, Rached Ghannouchi, d’accepter sa demande de démission du secrétariat général du parti et du bureau exécutif.
Et tout en affirmant n’être intéressé par aucun poste officiel au sein du futur cabinet gouvernemental, Laâdhari a précisé que sa décision de démissionner « n’a pas été facile », mais il s’est senti « obligé d’abandonner toute responsabilité partisane ou gouvernementale », car il était « très mal à l’aise à cause de plusieurs décisions importantes prises, dernièrement, par son parti Ennahdha… ».
Il a également indiqué qu’il s’était finalement retrouvé « réellement impuissant » pour poursuivre à assumer toute fonction au sein du parti ou du gouvernement, ajoutant qu’il n’avait pas « réussi » à convaincre les institutions du parti sur des questions qu’il a qualifiées de « décisives » et à éviter des options telles que la formation du prochain gouvernement.
Sur cette question, l’ancien ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, a déclaré qu’il pensait toujours que le prochain gouvernement devrait être « un gouvernement de réforme et de réussite qui tire la leçon des erreurs du passé, où il n’y a ni quota ni amateurisme et qui a une connaissance approfondie des dossiers, des défis et priorités du pays pour s’atteler à accomplir des résultats tangibles aussi rapidement que possible ».
Maintenant et à bien lire le texte d’annonce de la démission, on ressent le profond malaise prévalant chez M. Laâdhari et confirme le ras-le-bol de plus en plus généralisé au sein du parti islamiste face au comportement « dictatorial » de son Cheikh Rached Ghannouchi qui semble vivre, encore dans les années 70 et 80 lorsqu’il était considéré comme un personnage à la limite du « sacré » et dont personne ne songeait même à s’y opposer ou émettre la moindre critique.
Or, les temps ont changé et les mentalités ont évolué avec l’ouverture à travers le monde entier. En effet, le parti Ennahdha, réputé solidaire, hermétique et dont les querelles ne sortaient jamais au grand jour, connaît, désormais, des tiraillements profonds et des divergences devenues criardes dans le sens où la nouvelle génération d’admet plus l’obéissance aveugle au diktat imposé par Ghannouchi.
Les Abdellatif Mekki, Abdelhamid Jelassi, Mohamed ben Salem et Zied Laâdhari, pour ne citer que les plus en vue, forment un nouveau cercle qui a de nouvelles approches et d’autres visions en totale contradiction avec les méthodes archaïques du Cheikh.
Il faut dire que Rached Ghannouchi, longtemps éclaboussé par le vrai et unique personnage charismatique feu Béji Caïd Essebsi, a cru, après le décès de ce dernier, le moment venu pour jouer à l’homme « intouchable » qui peut faire marcher tout le pays à la baguette.
C’est dans cet esprit qu’il a proposé pour le poste de chef du gouvernement, Habib Jemli, un personnage de énième rang d’Ennahdha, sans passé, sans CV brillant, sans un brin de charisme, afin de pouvoir tirer les vraies ficelles du pouvoir par la suite puisque sans le coup de main du Cheikh, personne n’aurait songé, un seul instant, qu’il serait proposé à ce poste que briguait, justement et entre autres, Zied Laâdhari.
D’ailleurs, selon, certains bruits, M. Ghannouchi détient dans sa poche des noms à proposer pour certains postes clés dont celui des Affaires étrangères qui serait confié à… Rafik Abdessalem, son gendre ! Ce qui lui permettrait d’avoir, indirectement, la mainmise sur la politique internationale qu’il commence à diriger à partir du Palais du Bardo où il a déjà reçu, jusqu’à présent, de nombreux ambassadeurs dont ceux de l’Italie, du Qatar, de la Turquie, de la Palestine, du Koweït, etc.
Sans oublier que le Cheikh se croit, d’ores et déjà, comme il a clairement dit, comme le président de tous les Tunisiens, un titre que seul le président de la République, élu directement au suffrage universel, peut se targuer.
En tout état de cause, la démission de M. Laâdhari en ces circonstances, porte un coup dur à Ennahdha et à son cheikh, et au moment où Rached Ghannouchi fait tout pour s’imposer comme le personnage numéro Un de la Tunisie, les autres barons d’Ennahdha semblent réellement mécontents à un point que certains d’entre eux préfèrent ne pas se manifester dont particulièrement, le président du Conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni qui observe un mutisme curieux depuis l’annonce de l’option Habib Jemli !…
Noureddine HLAOUI