TUNIS – UNIVERSNEWS – Alors que, depuis l’indépendance, les Tunisiens se sont tournés vers l’avenir, ils sont confrontés, aujourd’hui –et, depuis la « révolution »- à une réalité amère. Dire qu’on est Tunisien, dans le passé, était une fierté –à juste titre- avec des dirigeants politiques qui ont prouvé que ce petit pays avait son mot à dire, en toutes circonstances et en tous lieux, au sein des instances internationales, avec un peuple qui répond à l’appel et qui a prouvé qu’il était digne de la confiance placée en lui.
Malheureusement, et depuis l’arrivée de la nébuleuse islamiste, le pays est confronté aux pires malédictions… tellement on commence à avoir honte de notre appartenance. Il suffit d’évoquer, à ce propos, que la Tunisie a été classée premier pays fournisseur de jihadistes, dans les zones de tension, que l’enseignement coranique, avec un Islam défiguré, a pris des proportions inquiétantes… et, surtout, avec des acquis qui rétrécissent comme peau de chagrin, tellement que la nostalgie du passé est devenue le maitre-mot, dans toutes les discussions.
Les Tunisiens viennent de célébrer, pas plus loin qu’hier, dans la morosité, la fête nationale de la femme dont les acquis étaient une grande fierté saluée par toute la communauté internationale. L’occasion a permis de rappeler les circonstances de la promulgation du Code du statut personnel, qui a représenté une révolution sociale et culturelle, et cela quelques jours après l’indépendance du pays et avant la proclamation de la République. Ce fut une véritable révolution, non seulement en Tunisie, mais dans le monde arabe et islamique.
Dans une société pauvre et conservatrice dominée par l’analphabétisme et les traditions, le leader Habib Bourguiba s’est aventuré à réaliser des acquis dont les femmes ne rêvaient pas à l’époque, contraintes de se marier souvent sans leur consentement et, même, depuis l’enfance, avec, en plus, la prolifération de la polygamie sans droits moraux ni matériels pour les femmes, ce qui était une caractéristique de la vie tunisienne à l’époque, comme c’était le cas, aussi, dans le monde islamique.
Le leader Bourguiba s’était inspiré de ses idées éclairées, notamment du réformateur Tahar Haddad qui a été le premier à appeler à l’autonomisation économique des femmes, à leur éducation et à leur libération des abus sociaux, et, à cause de ces idées, il a subi le courroux de ses détracteurs avec la privation de travail, le retrait de son diplôme universitaire et les accusations de blasphème et d’apostasie.
Malgré ces acquis, qui se sont approfondis en soixante-sept ans, dont le dernier en date est la parité aux élections, les femmes souffrent toujours, et les voix rétrogrades se font toujours entendre, appelant ouvertement à la polygamie pour résoudre le problème du célibat. Le mariage coutumier s’est également répandu sous le règne du mouvement Ennahdha, et bien que la loi l’interdise -voire le criminalise- il existe dans la réalité…!!!
La rigidité d’une société phallocrate aidant, en plus du réveil des vieux démons négationnistes qui ne voient en la femme qu’un objet du plaisir, le chemin reste, encore, long, surtout après ce qui s’est passé, depuis l’arrivée du mouvement islamiste et les méfaits qu’ils ont commis. Ils ont tenté de faire revenir les Tunisiens des décennies en arrière… en cherchant à estomper les acquis avant-gardistes des décennies de lumière et de quête du savoir ayant permis à ce pays sans ressources, à briller grâce à ses compétences humaines.
Le combat est quotidien, surtout que dans les milieux populaires, encore, les filles sont empêchées de poursuivre leurs études dans de nombreuses zones rurales, soit à cause de la pauvreté ou parce que leurs parents considèrent qu’elles ont grandi et que leur place est au foyer. A cela s’ajoutent le mariage de mineures avec une autorisation paternelle, en plus de la spoliation des droits financiers, le harcèlement sexuel, la violence physique et verbale. Quant à l’autorisation parentale –exigée des femmes pour voyager- elle est inadmissible !!!
Aujourd’hui et pour permettre aux Tunisiens de croire en des joueurs meilleurs, il serait important de rappeler que le développement et le bien-être ne peuvent être que les résultats de la persévérance, de l’union autour des mêmes objectifs, de la concertation et de la valorisation –et non du dénigrement- de ceux qui avaient fait « les beaux jours » de cette Tunisie trois fois millénaire. On doit puiser dans notre Histoire, pour aller de l’avant, avec fermeté et assurance. Et, comme l’ont montré les dernières campagnes pour rendre hommage au leader Habib Bourguiba, il n’est pas facile –quels qu’en soient les moyens- de faire oublier ceux qui avaient fait leur bonheur… parce que les Tunisiens doivent être reconnaissants et non aussi ingrats !!!
MUSTAPHA MACHAT