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Macron dénonce le « jeu dangereux » de la Turquie en Libye, ce qui menace directement la région et l’Europe
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« Non aux ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions en Libye… »
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Kaïs Saïed se fait aider par un interprète dans sa visite de travail à Paris
La France débloquera 350 millions d’euros de prêts en faveur de la Tunisie pour faire face à la crise provoquée par le coronavirus, a annoncé, lundi à Paris, le président français Emmanuel Macron.
« La France continue d’apporter tout son soutien à la Tunisie notamment dans le domaine de la santé à travers la formation de soignants, la modernisation de l’infrastructure comme la construction des hôpitaux de Gafsa et Sidi Bouzid et la relance de l’activité économique « , a-t-il ajouté devant la presse, à l’issue d’un entretien avec le président Kais Saïed à l’Elysée.
Selon le président français, ce prêt s’inscrit dans le cadre des engagements pris par la France envers la Tunisie à hauteur de 1,7 milliard d’euros jusqu’en 2022 pour agir dans le secteur de la santé et l’emploi des jeunes.
Par ailleurs, Macron a affirmé avoir évoqué avec Kaïs Saïed des questions régionales d’intérêt commun, citant particulièrement le dossier libyen.
« La France et la Tunisie demandent ensemble que les belligérants cessent le feu et tiennent leur engagement de reprendre la négociation engagée dans le cadre des Nations unies en vue de restaurer la sécurité de tous, de procéder à la réunification des institutions libyennes et d’engager la reconstruction au bénéfice de tous les Libyens », a avancé le président français.
Il a indiqué qu’il s’agit d’un chemin difficile qui nécessite que » chacun fasse preuve de responsabilité « , assurant que la France et la Tunisie « demandent ensemble » un cessez-le-feu en Libye.
Dans le même sillage, le président français a dénoncé le « jeu dangereux » de la Turquie en Libye, y voyant une menace directe pour la région et pour l’Europe.
« Je considère aujourd’hui que la Turquie joue en Libye un jeu dangereux et contrevient à tous ses engagements pris lors de la conférence de Berlin », a-t-il lancé devant un parterre de journalistes, affirmant avoir tenu « le même discours » lors d’un entretien téléphonique lundi après-midi avec le président américain Donald Trump.
Emmanuel Macron a aussi appelé à ce « que cessent les ingérences étrangères et les actes unilatéraux de ceux qui prétendent gagner de nouvelles positions à la faveur de la guerre » en Libye.
De son côté, le chef de l’Etat Kaïs Saïed qui effectue son deuxième déplacement officiel à l’étranger, après l’Algérie, depuis son élection en octobre, s’est félicité du niveau » excellent » atteint par la coopération bilatérale, appelant à identifier de nouveaux concepts et mécanismes pour booster davantage les relations de partenariat.
» Il est aujourd’hui temps de panser les blessures du passé et de réfléchir à l’avenir « , a plaidé le chef de l’Etat, appelant, dans ce contexte, à ouvrir de nouveaux horizons de coopération.
Le président Saïed a par ailleurs salué le soutien apporté par la France à la Tunisie dans plusieurs domaines, annonçant l’idée de la mise en place prochainement d’un chemin de fer pour relier le nord de la Tunisie au sud, sans donner davantage de détails.
Plut tôt dans la journée, le chef de l’Etat a eu un entretien à l’Elysée avec son homologue français axé notamment sur la crise libyenne et le projet de résolution tuniso-français sur la lutte contre le coronavirus. La Tunisie siège actuellement au Conseil de sécurité des Nations-Unies.
A noter, à la fin, que le président de la République, Kaïs Saïed s’est fait aider par un interprète lors de sa visite de travail à Paris puisqu’il a parlé en arabe, ce qui a fait soulever des remarques et des critiques dans le sens où c’est la première fois d’un chef d’Etat tunisien, en visite en France, se prononce en langue arabe.