TUNIS – UNIVERSNEWS – Un drôle de sommet arabe s’est déroulé, hier, mardi 1er novembre 2022, dans la capitale algérienne, dans un climat marqué par des dissensions majeures, des guerres interarabes (Coalition arabe menée par l’Arabie saoudite, contre le Yémen), des pays qui font face à des crises économiques majeures, et des dissensions persistantes entre les pays du Golfe.
Contrairement à la règle, ce sommet se déroule après trois ans, pandémie de Covid-19 oblige, mais avec le rituel habituel, salamalecs, embrassades et promesses d’unité de la « Oumma » qui ne seront pas tenues, avec à la clé la présidence qui passera à l’Algérie.
La Ligue arabe, qui regroupe vingt-deux pays, s’était réunie pour la dernière fois à un tel niveau en mars 2019 à Tunis, avant la pandémie de Covid-19. Depuis, plusieurs membres de ce bloc, qui a historiquement placé le soutien à la cause palestinienne et la condamnation d’Israël en tête de son agenda, ont opéré un rapprochement spectaculaire avec l’entité sioniste.
Les Emirats arabes unis ont ainsi normalisé leurs relations avec Israël en 2020 dans le cadre d’une série d’accords, dits d’Abraham, négociés par Washington. Bahreïn, le Maroc et le Soudan leur ont emboîté le pas.
Ce rapprochement est d’autant plus significatif dans le contexte du sommet que son hôte algérien est un farouche soutien des Palestiniens. Alger a parrainé à la mi-octobre un accord de réconciliation entre factions palestiniennes rivales, même si les chances de le voir se concrétiser sur le terrain paraissent faibles.
Si le conflit israélo-palestinien et la situation en Syrie, en Libye et au Yémen figurent bel et bien à l’ordre du jour du sommet, les dirigeants arabes et leurs collaborateurs devront se livrer à de véritables acrobaties diplomatiques dans la formulation de la déclaration finale, adoptée à l’unanimité, pour éviter de froisser tel ou tel poids lourd de l’organisation.
Selon des sources à la Ligue arabe, les ministres des affaires étrangères travaillant sur la déclaration finale tentent notamment de parvenir à un compromis sur la façon d’évoquer les « ingérences » de la Turquie et de l’Iran dans les affaires arabes. Certains membres exigent qu’Ankara et Téhéran soient cités nommément, alors que d’autres s’y opposent.
L’Algérie a placé ce sommet, le 31e de l’organisation panarabe, sous le signe du « rassemblement », mais plusieurs pays, notamment du Golfe, n’y seront pas représentés par leur chef d’Etat. Ainsi, le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, dirigeant de facto du royaume, ne se rendra pas à Alger, officiellement en raison d’un problème d’oreille. Selon la presse arabe, les dirigeants du Maroc, des Emirats et de Bahreïn seront également absents.
L’Algérie, encouragée par Moscou, a cherché en coulisses à mettre à profit le sommet pour réintégrer Damas au sein de la Ligue arabe, dont la Syrie avait été exclue fin 2011 au début de la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad, mais y a finalement renoncé, officiellement à la demande du régime syrien lui-même.
Et la mascarade continue avec chaque pays qui chante sa propre rengaine, qui entretient des espoirs qui s’estompent avec les rencontres entre ces hauts dirigeants… pour se donner rendez-vous, pour l’année prochaine, dans un autre pays qui aura la présidence de façade.