Les enjeux de cette grève tournent autour de la situation de 650 mille employés de la fonction publique, ce qui ne s’étend pas aux agents du secteur public, ceux-ci ayant déjà bénéficié d’augmentations salariales, le 23 octobre 2018, au même titre que ceux du secteur privé. Il est vrai que le gouvernement avait promis, il y a deux mois, que le Fonction publique suivrait. Seulement voilà : les injonctions du FMI, sont autrement plus coercitives.
Cela dit, si la taux d’employabilité du secteur public est le plus élevé au monde , c’est que, de tout temps, et depuis le IX ème siècle, la Fonction publique est l’épine dorsale de l’Etat. C’est elle qui a tenu les rênes de l’Etat un certain 14 janvier 2011… Chronique du pour et du contre.
Par Salah Ben Hamadi
Défendre l’indépendance de la décision nationale et la répartition équitable des richesses du pays, qu’elles soient grandes ou modestes, ce à quoi l’Union générale tunisienne du travail dit tendre à travers la grève générale de la fonction publique, ce jeudi 22 novembre, il n’y a que les sophistes, les opportunistes et les individualistes incorrigibles de tout bord qui puissent le trouver infondé, déplacé et préjudiciable à l’intérêt général.
Pourtant, ils sont nombreux à en juger par les prises de position dans ce sens affichées dans divers supports médiatiques.
En acceptant déjà le principe de négociations sur les augmentations salariales des fonctionnaires de l’Etat, quoique sans résultat, le gouvernement a fait preuve d’esprit positif, mais on aurait aimé connaitre la cause du blocage. La demande de majoration était-elle excessive ou le gouvernement ne pouvant pas y répondre dans tous les cas de figure et pour quelles raisons ?
Avait-il subi réellement à cet égard des pressions de la part des bailleurs de fonds internationaux ?
Mais, comme l’ont noté certains commentateurs neutres, l’aspect réconfortant du conflit est que le gouvernement autant que l’UGTT conviennent tous deux du rôle primordial imparti à la fonction publique et à l’administration dans la bonne gestion des affaires publiques, l’impulsion du développement du pays et la mobilisation des ressources matérielles et financières nécessaire au financement du budget de l’Etat.
Beaucoup feignent d’occulter que la fonction publique, en Tunisie et ailleurs, se confond avec l’Etat et qu’une fonction publique forte illustre un Etat fort, tandis qu’une fonction publique faible illustre un défaut d’Etat.
Commentant le garage d’une voiture sur le trottoir d’une rue de la capitale Tunis, un chauffeur de taxi nous a dit qu’il s’agit là de l’argent perdu pour l’Etat, en allusion à l’amende pouvant être perçue pour cette infraction à la loi. Il a ajouté que si le gouvernement et ses rouages administratifs arrivent à se faire payer les amendes dues à titre d’infractions à la loi, la somme mobilisée atteindrait des milliards dinars, ce qui est vrai.
Dans les pays développés, le budget alloué aux organismes publics de lutte contre les fraudes et la corruption ne se compte pas devant le volume énorme des recettes que ces organismes assurent à titre de compensation au manque à gagner sans leur existence.
Le gouvernement ou l’administration des Etats Unis d’Amérique, le plus puissant de la terre, agit au nom d’un Etat qui ne possède rien en propre et tire toutes ses ressources financières du fisc et de l’impôt.
D’ailleurs, même dans l’état actuel des choses, les recettes assurées par l’administration tunisienne sont très importantes et ne s’écartent pas beaucoup de la masse salariale dans la fonction publique. Elles pourraient être multipliées.
Aussi, le renforcement de la fonction publique et de l’administration, à tous les points de vue, grâce à une réforme concertée et ciblée est-il le facteur essentiel du développement. Son appauvrissement signifie au contraire un recul et des manques à gagner irremplaçables.
S’agissant des pressions étrangères, comme le dit l’adage tunisien, celui qui se couvre par les biens d’autrui est nu.
S.B.H