TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT – K.Kh.) – La question de la légitimité des politiques est d’une actualité au regard de la férocité du débat qui prévaut actuellement entre les politiques de « l’opposition » et ceux du pouvoir.
Co-auteur de cet ouvrage, le sociologue, Mouldi Lahmar en a fourni un avant-goût en donnant une conférence intitulée « les élections législatives en Tunisie peuvent-elles conférer aux élites une légitimité politique? « , et ce, dans le cadre de l’université d’été de la Fondation Mohamed Ali Hammi (6,7 et 8 septembre 2024 à Hammamet).
Cette conférence est en fait un résumé des premiers résultats d’une enquête de terrain à laquelle a contribué Mouldi Lahmar. Les conclusions de cette enquête feront l’objet d’un ouvrage qui paraîtra prochainement.
Globalement, il en ressort que la légitimité politique de tous les dirigeants qui se sont relayés à la tête du pays a été marquée par le recours à des moyens factices et par une coupure nette entre les élites politiques et d’importantes franges de la société, s’agissant particulièrement des ruraux et des agriculteurs.
Abstraction faite de la légitimité patrimoniale des Beys et historique de Bourguiba qui a profité du pouvoir pour user et abuser comme les rois, tous les autres dirigeants se sont forgés une légitimité par des mécanismes postiches et musclés (cas de Zine El Abidine Ben Ali). Parmi ceux-ci il y a lieu de citer la manipulation des lois et de la constitution pour perdurer et l’organisation d’élections législatives et présidentielles sur mesure.
Le conférencier s’est intéressé particulièrement à la période de mobilisation des masses lors des élections générales et relevé deux phénomènes : la réapparition du tribalisme et du clanisme et la rupture criante entre les élites et ces masses. A l’origine de cette coupure, l’utilisation de concepts étrangers à leur vécu. Il s’agit de concepts concoctés dans des contextes historiques en dehors de la Tunisie. Les concepts, objets de coupure et de divergence, concernent la société, la patrie et la citoyenneté.
La question que se pose au final le conférencier est de savoir si des élections générales de cette nature peuvent conférer un jour une véritable légitimité aux élites politiques. Il en doute et estime que la légitimité des élites politiques du pays demeure une grande interrogation.