TUNIS – UNIVERSNEWS – Un nouveau tournant pour l’Italie, avec une période d’incertitude qui s’est ouverte lundi, après la victoire aux législatives de la postfasciste, Giorgia Meloni, aux commandes d’une coalition divisée qui devra s’accorder sur un gouvernement avant d’affronter la crise économique face à une Europe et des marchés inquiets.
Forts de la majorité absolue au Parlement, la dirigeante de Fratelli d’Italia et ses alliés Matteo Salvini de la Ligue (anti-immigration) et Silvio Berlusconi de Forza Italia (droite) vont discuter ces prochains jours en vue de former un gouvernement, qui verra le jour au plus tôt fin octobre.
Meloni a recueilli plus de 26 % des suffrages dans un contexte d’abstention record (36 %), et sa coalition environ 44 %, ce qui lui assure une majorité dans les deux chambres.
Elle qui devrait devenir à 45 ans la première dirigeante postfasciste d’un pays fondateur de l’Europe, a tenu à rassurer, tant en Italie qu’à l’étranger : « Nous gouvernerons pour tous » les Italiens, a-t-elle promis.
Toutefois, tous les observateurs se demandent si le gouvernement qui sera formé par Meloni puisse tenir plus de 200 jours, période moyenne des gouvernements précédents.
Catastrophe
À l’étranger, la présidence française a assuré respecter le «choix démocratique et souverain» des Italiens, estimant qu’«en tant que pays voisins et amis, nous devons continuer à œuvrer ensemble». Berlin attend pour sa part de l’Italie qu’elle reste « très favorable à l’Europe ».
Par la voix de leur chef de la diplomatie Antony Blinken, les États-Unis se sont dits « impatients » de travailler avec le nouveau gouvernement, tout en encourageant le respect des droits humains.
À Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s’est dit «prêt à saluer toute force politique capable de dépasser le courant dominant établi plein de haine envers notre pays ».
La première ministre britannique conservatrice Liz Truss a félicité lundi la dirigeante du parti postfasciste pour son «succès», soulignant que leurs deux pays sont de «proches alliés».
Meloni a reçu aussi le soutien enthousiaste des bêtes noires de Bruxelles, la Pologne et la Hongrie, ainsi que les félicitations du parti espagnol d’extrême droite VOX et du Rassemblement national (RN) en France.
Défis économiques
Le nouvel exécutif succédera au cabinet d’union nationale dirigé depuis janvier 2021 par Mario Draghi, l’ancien chef de la Banque centrale européenne (BCE), appelé au chevet de la troisième économie de la zone euro mise à genoux par la pandémie.
M. Draghi avait négocié avec Bruxelles l’octroi de près de 200 milliards d’euros d’aides financières à l’Italie en échange de profondes réformes économiques et institutionnelles, une manne qui représente la part du lion du plan de relance européen.
Malgré les enjeux, plusieurs partis qui avaient accepté d’intégrer son gouvernement (Fratelli d’Italia était resté dans l’opposition) ont fini cet été par le faire tomber, entraînant la convocation de législatives anticipées.
Et alors que « Super Mario », présenté en sauveur de la zone euro lors de la crise financière de 2008, apparaissait comme une caution de crédibilité aux yeux de ses partenaires européens, l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite nationaliste, eurosceptique et souverainiste fait craindre une nouvelle ère d’instabilité.
D’autant que l’Italie, qui croule sous une dette représentant 150 % du PIB, le ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce, connaît une inflation de plus de 9 %, avec des factures de gaz et d’électricité mettant en difficulté ménages et entreprises.
Signe des inquiétudes persistantes des investisseurs sur la dette de l’Italie, le « spread », c’est-à-dire l’écart très surveillé entre le taux d’emprunt à 10 ans allemand qui fait référence et celui de l’Italie à dix ans, a grimpé à 235 points lundi, en hausse de 6,68 %.