• Saturation des capacités de stockage des huileries entrainant l’interruption de l’achat de la récolte auprès des producteurs
• Les prix de vente actuels ne couvrent même pas le coût de la récolte des olives, ce qui a poussé la majorité des agriculteurs et producteurs à suspendre
• Les quantités d’olives qui existent sur le marché sont estimées entre 30 Mille et 40 mille tonnes et l’ONH est exhorté à les acheter
• La Tunisie dispose de 1.750 huileries, 15 unités de raffineries, 35 unités de transformation et de conditionnement
• La consommation annuelle moyenne par individu en Tunisie est passée de 8,2 kg en 2000 à 6,7 kg en 2010 et à 3,7 kg en 2020
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – La Tunisie, l’un des cinq premiers producteurs mondiaux d’huile d’olive, fait face aujourd’hui à des difficultés énormes liées à la commercialisation de ce produit. Dans une déclaration, ce lundi 2 décembre 2024 à Universnews, Anouar Harathi, membre du bureau exécutif national de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), a annoncé la suspension de la récolte d’huile d’olive dans tous les gouvernorats du pays, suite à la fermeture des huileries.
Il a expliqué cette suspension, d’un côté par la baisse des prix d’huile d’olive et d’un autre côté par la saturation des capacités de stockage des huileries, ce qui a entrainé l’interruption de l’achat de la récole auprès des producteurs. Il ne reste, selon lui, que quelques petites huileries qui continuent à travailler dans le secteur.
Harathi a déploré la forte baisse des prix de vente d’huile d’olive, estimant que les prix de vente actuels ne couvrent même pas le coût de la récolte des olives, ce qui a poussé la majorité des agriculteurs et producteurs à la suspendre : « De même, les huileries n’achètent plus, aujourd’hui, la récolte d’huile d’olives auprès des agriculteurs parce que les capacités de stockage ont atteint le plafond et fait en sorte que l’offre excède la demande », a-t-il souligné.
Et de préciser que les huileries qui continuent encore à fonctionner sont très minimes et généralement de petite taille, ne représentant même pas 15% du nombre total des huileries.
Selon lui, le kilo d’olives se vend aujourd’hui presque à moins d’un dinar, ce qui ne couvre même pas les frais de la récolte, qui dépasse de loin ce chiffre si on inclut les frais de transport, la main d’œuvre et d’autres dépenses qui y sont liés.
Il a exhorté l’Office National des Huiles (ONH) à intervenir immédiatement avant que la situation se complique davantage en achetant toutes les quantités qui existent sur le marché et qui sont estimées entre 30 mille et 40 mille tonnes et ce afin de réduire la pression sur les huileries et leur donner une bouffée d’oxygène pour se mettre débout et surtout éviter les problèmes qui en découlent de cette opération de commercialisation d’huile d’olives dans la mesure où le mois de décembre est considéré comme le mois le plus difficile.
D’où cet appel à l’ONH d’acheter toutes les quantités qui existent sur le marché national à un prix entre 15 et 16 dinars le litre
Il a tenu par ailleurs à rappeler que la production d’huile d’olive est classée comme étant un secteur stratégique permettant de contribuer à la croissance et renflouer les caisses de l’Etat en devises, mis à part son effet sur la balance commerciale alimentaire.
Le membre du bureau exécutif de l’UTAP a en outre indiqué que les opérations d’achat à l’échelle internationale sont aussi à l’arrêt, avant de lancer un appel à l’accélération de l’ensemble des mesures annoncées récemment par le président de la République mais non encore appliquées par l’ONH, selon ses déclarations.
Pour rappel, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche avait récemment annoncé une série de mesures destinées à renforcer la filière de l’huile d’olive. L’une des décisions phares concerne l’annulation de l’autorisation préalable pour l’exportation de l’huile d’olive, mais il n ya pas que ça. Un programme spécifique de commercialisation devrait être également mis en place pour explorer de nouveaux marchés étrangers.
A son tour, l’ONH avait également confirmé la poursuite de son programme d’intervention pour l’achat d’huile d’olive auprès des producteurs. Des efforts seront déployés pour garantir que les petits producteurs bénéficient directement de ce soutien, notamment grâce à des mesures adaptées à leurs besoins spécifiques. L’ONH prévoit également de mobiliser ses capacités de stockage à travers ses centres régionaux et de lancer un programme de financement pour le stockage de l’huile d’olive.
Selon le ministère de l’Agriculture, la production pour la saison 2024/2025 devrait atteindre 340.000 tonnes, soit une augmentation de 55 % par rapport à la campagne précédente. Cette hausse s’accompagne d’une production nationale d’olives estimée à 1,7 million de tonnes. Il s’agit en outre de la plus grande réalisation de la filière depuis le volume record de 350 000 tonnes produit en 2019/2020.
Dans le détail, nous avons en Tunisie 1.750 huileries, 15 unités de raffineries, 35 unités de transformation et de conditionnement.
Les Tunisiens consomment environ 20% de la production d’huile d’olive. La consommation annuelle moyenne par individu est passée de 8,2 kg en 2000 à 6,7 kg en 2010 et à 3,7 kg en 2020, année des dernières statistiques.
Ce dernier chiffre constitue le niveau le plus bas de la région méditerranéenne par personne, contre 9,2 en Italie, 10,4 en Espagne et 16,3 kg en Grèce.
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