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Surendettée, de plus en plus paralysée, la Tunisie me rappelle les années soixante-dix du XIXème siècle, sous le règne funeste de Sadok bey.
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Aujourd’hui, même le Vilain Petit Qatar aspire à nous mettre sous curatelle.
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Les islamistes et affidés ont sur nous un avantage décisif. Ils sont soudés quand il s’agit d’œuvrer pour le TAMKIN.
Par Abdelaziz KACEM
Il était une fois Kadhafi. Mégalomane et fantasque, il était pourvu d’un charisme biaisé. Assis sur d’énormes gisements de pétrole, il frayait avec les Grands. Tous les pays voisins de la Jamahiriya connurent avec lui des hauts et des bas. Économiquement, la Tunisie, en dépit des déboires que l’on sait, n’a pas eu à trop s’en plaindre.
La veille du « Printemps arabe », le Guide commença à s’assagir et à menacer sérieusement les intérêts occidentaux en Afrique. Alors l’OTAN, fort de la honteuse complicité de la Ligue des États arabes (Amr Moussa en a été généreusement récompensé), a décidé d’éliminer le danger et d’offrir le pays aux Frères musulmans.
Ces derniers n’ont jamais oublié ce qu’ils doivent à l’Angleterre, sage-femme de l’accouchement de Hassen al-Banna, et à l’Occident qui leur a, de tout temps, offert l’asile politique.
On a beau protester, mettre à nu les manigances islamistes, soumettre Ghannouchi à un interrogatoire serré, ni lui, ni ses rivaux au sein de son parti ne changeront leurs pratiques, leurs obédiences. La peur de la reproduction du scénario égyptien en Libye les pousse à soutenir Fayez Sarraj. Ce dernier n’est qu’un fantoche. Ils le savent, mais tous les rouages sensibles de l’État libyen sont entre les mains des pires chefs terroristes. Pour garder le pouvoir, eux non plus, n’ont d’autre choix que de se mettre sous la férule du puissant patron de toutes les mafias islamistes, le sultan Erdogan, autrement appelé le Dracula du Bosphore.
Le revenant ottoman se réinstalle à Tripoli, qui croule déjà sous la camelote turque, et ce ne sont pas les gouvernants en place qui l’empêcheront de se consolider en Tunisie. Il y est déjà et s’en sert de base pour mater un peuple frère. Le parjure Donald Trump, qui bénit l’agression turque, consolide l’Africom sur notre sol avec l’arrière-pensée de domestiquer l’Algérie.
À cet égard, force est de rappeler que ZABA avait, pour son malheur (et à son honneur) catégoriquement refusé d’offrir une quelconque base militaire aux Américains.
L’Histoire n’est pas un éternel recommencement, mais il y a des invariants et les mêmes causes produisent les mêmes effets. Surendettée, de plus en plus paralysée, la Tunisie me rappelle les années soixante-dix du XIXème siècle, sous le règne funeste de Sadok bey. Insolvable et rongée par les pires ripoux de l’époque, elle était mûre pour sa mise sous tutelle étrangère.Le penseur algérien Malek Bennabi avait raison de dire que les colonisés étaient colonisables.
En ces temps-là, seuls les puissants en terme économique, militaire et culturel, pouvaient prétendre à la domination. Aujourd’hui, même le Vilain Petit Qatar aspire à nous mettre sous curatelle. Méritons-nous pareille infamie ?
La Tunisie n’a pas vécu un seul jour heureux depuis qu’ils ont usurpé le pouvoir. Usurpé n’est peut-être pas le mot approprié. Car quelles que soient les fraudes électorales enregistrées, une importante portion du peuple a voté, vote et votera encore pour eux.
Le jeu démocratique livré à un peuple ignare ne conduit qu’à la perte répétée de la mise. Ignare ne veut pas dire analphabète. Il s’y mêle de nombreux cadres : juristes, médecins, ingénieurs, et autres incompétents en matière de sciences humaines.
Les islamistes et affidés ont sur nous un avantage décisif. Malgré leurs querelles intestines, ils sont soudés quand il s’agit d’œuvrer pour le TAMKIN. Nous autres, modernistes, culturalistes, visionnaires, savons parfaitement poser le problème, établir un diagnostic, mais sommes incapables de proposer un remède. Sans compter l’hypertrophie de l’ego, chez beaucoup d’entre nous.
On me reprochera mon pessimisme. Montrez-moi que je me trompe.
A.K