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Les fragilités structurelles de l’économie tunisienne
TUNIS – UNIVERSNEWS – Dans une étude réalisée par l’IACE , il s’avère que la réélection de Donald Trump en 2024 a marqué un durcissement de la politique étrangère des États-Unis, confirmant l’approche protectionniste de « America First ». Une orientation qui bouleverse l’ordre économique mondial — et dont les effets se font déjà ressentir jusque dans les équilibres fragiles de l’économie Tunisienne.
Une nouvelle donne mondiale
Les États-Unis ont lancé une série de mesures protectionnistes : relèvement des droits de douane, recentrage des chaînes de valeur, et réduction drastique de l’aide internationale. Parallèlement, la réforme fiscale américaine dynamise la croissance interne au prix d’un déficit public accru et d’une hausse des taux d’intérêt. Résultat : le dollar s’apprécie, rendant le financement de la dette plus coûteux pour les pays émergents.
La Tunisie en première ligne
Pour la Tunisie, les conséquences sont multiples. L’appréciation du billet vert pèse lourdement sur les importations énergétiques, déjà affectées par une inflation galopante. En 2024, les prix de l’énergie ont bondi de 18 %, ceux des produits alimentaires de 12 %, amplifiant les tensions sociales et budgétaires.
Le commerce extérieur Tunisien souffre aussi : la compétitivité du textile et de l’agroalimentaire est fragilisée, tandis que les investissements directs étrangers en provenance des États-Unis ont reculé de 15 %.
L’aide Américaine, notamment via l’USAID, est en net repli, affectant plusieurs programmes de développement locaux.
Des risques structurels à anticiper
Si certaines opportunités peuvent émerger de ce bouleversement géopolitique, la Tunisie reste confrontée à des risques majeurs qu’il est urgent d’identifier et de gérer avec lucidité :
1. Vulnérabilité extérieure accrue : L’appréciation du dollar et la hausse des taux d’intérêt mondiaux compliquent le service de la dette extérieure tunisienne.
2. Inflation importée persistante : La flambée des prix des matières premières accentue les tensions inflationnistes et affecte le pouvoir d’achat.
3. Risque de marginalisation commerciale : La Tunisie pourrait se retrouver prise entre deux blocs économiques majeurs.
4. Réduction des flux financiers internationaux : Baisse des IDE, notamment en provenance des États-Unis.
5. Affaiblissement du tissu productif local : Risque de fermetures d’entreprises et hausse du chômage.
Des opportunités à saisir malgré les turbulences
Malgré la pression exercée par le nouveau cap américain, plusieurs opportunités s’ouvrent à la Tunisie :
1. Repositionnement géopolitique : Renforcement des relations avec l’UE, la Chine, la Turquie ou les pays du Golfe.
2. Développement du « Made in Tunisia » : Relocalisation industrielle possible dans le textile ou l’agroalimentaire.
3. Transition énergétique : Investissement dans les énergies renouvelables.
4. Valorisation du capital humain : Soutien à l’entrepreneuriat et à l’innovation.
5. Financement alternatif : Accès à de nouveaux fonds privés comme Prosper Africa.
Un horizon à repenser
Face à cette nouvelle configuration, la Tunisie n’a pas d’autre choix que de s’adapter. Les experts plaident pour une diversification des partenariats économiques, en se tournant davantage vers l’Europe, la Chine ou encore la Turquie. Il s’agit aussi de stimuler la production locale et de bâtir des chaînes de valeur nationales résilientes.
Malgré les incertitudes, certaines pistes pourraient offrir une respiration : le programme Américain « Prosper Africa » encourage les investissements privés en Afrique, tandis que la baisse du prix du pétrole (stimulée par la surproduction Américaine) réduit temporairement la facture énergétique Tunisienne.
Conclusion : une nécessité de réinvention
Dans un monde où les équilibres géopolitiques évoluent rapidement, la Tunisie ne peut se permettre l’attentisme. La politique étrangère Américaine agit comme un révélateur des fragilités structurelles de l’économie Tunisienne.
Plus que jamais, le pays doit capitaliser sur ses atouts, renforcer ses partenariats diversifiés et accélérer sa transition vers un modèle plus autonome, inclusif et résilient. Car derrière chaque choc extérieur, se cache une opportunité de transformation.