Par Dr Moez Joudi
L’affaire de la Banque Franco-Tunisienne (BFT) illustre bien les années d’irresponsabilité, d’inconscience, d’amateurisme et de mauvaise gouvernance vécues dans ce pays. Certes, l’affaire remonte à trente ans et que depuis l’ère Bourguiba, le dossier qui a commencé par un désaccord et un petit litige entre les actionnaires d’une Banque, n’a pas été traité d’une manière déterminante et objective.
Trop d’orgueil de part et d’autre, trop de calculs, trop d’intérêts et une faible capacité de discernement ont mené à l’un des plus grands scandales financiers jamais vécus en Tunisie.
Le vrai tournant de l’affaire BFT, c’était au temps de la triste époque de la Troïka, une époque où la Tunisie fut malmenée et ses intérêts bafoués par une bande d’incompétents notoires qui n’avaient pas l’expérience de l’Etat et qui roulaient pour d’autres intérêts et dans le cadre d’un agenda extérieur destructeur pour le pays.
A la différence des régimes de Bourguiba et de Ben Ali qui n’ont pas engagé la responsabilité de l’Etat dans l’affaire BFT, la Troïka a franchi le pas et a reconnu que les plaignants étaient bien lésés ce qui a pu conforter leur position et fournir des preuves et des arguments au CIRDI (Centre d’arbitrage international), en charge du dossier, pour qu’il rende son jugement en défaveur de la Tunisie.
Le montant exact du litige, des dommages et intérêts à régler n’est pas encore définitivement déterminé mais ce qui est sûr, c’est qu’il se chiffre à coup de centaines de millions de dollars, ce qui est franchement contraignant pour les finances publiques du pays.
Par ailleurs, ce qui est encore contestable, c’est la communication et le traitement de l’affaire par l’actuel gouvernement. Aucune information fiable et complète, aucune stratégie claire dans la conduite de l’affaire, des agissements et des réactions improvisés et décalés, bref une gestion calamiteuse d’un scandale financier qui pourrait donner le dernier coup de massue aux finances publiques de la Tunisie !
L’affaire de la BFT fera couler encore beaucoup d’encre. Et sauf miracle, le dénouement ne sera pas en faveur de la Tunisie, les responsables de la débâcle courent toujours et n’ont pas rendu compte de leurs actions douteuses ainsi que de leurs décisions hasardeuses voire même «intéressées », la Tunisie souffre et continuera à souffrir tant que les Tunisiens n’ont pas mis un terme au pouvoir des incompétents et des traîtres ! Aux URNES citoyens, premier RDV le 15 septembre 2019 !
*Président de l’Association Tunisienne de Gouvernance (ATG)