A peine installé à New York en tant qu’ambassadeur de la Tunisie auprès de l’ONU, après le limogeage de Moncef Baâti, Kaïs Kabtni s’est vue muter à Mascate dans un pays lointain et secondaire au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG), et ce lors du tout récent mouvement du corps diplomatique qui attend, d’ailleurs, d’être annoncé officiellement.
Fortement déçu de cette décision, Kaïs Kabtni, 49 ans, a fait une déclaration incendiaire, hier mercredi 9 septembre à l’AFP et reprise par Le Figaro, dans laquelle il a révélé avoir décidé de quitter la diplomatie tunisienne après avoir été «limogé» de son poste après seulement cinq mois de fonctions.
Parlant d’un limogeage et non d’une mutation, comme on a voulu le faire présenter, il précise : «Je quitte la diplomatie tunisienne, c’est une question d’honneur, de principes», a-t-il dit, précisant avoir appris la veille par les réseaux sociaux son éviction de l’ONU, où la Tunisie occupe jusqu’à fin 2021 un siège de membre non permanent au Conseil de sécurité. Il s’agit pour la Tunisie du deuxième remplacement de son ambassadeur à l’ONU en sept mois.
A ce propos, on rappelle que notre journal Univers News a été le premier à annoncer, le 4 septembre courant, une partie du mouvement où figurait la nomination de M. Kabtni à Oman. D’ailleurs, le ministère nous a démentis indiquant que « la liste était fausse », un démenti mis en relief par certains de nos confrères, mais voilà que les faits confirment, à un élément près, les noms figurant sur « notre » liste.
En janvier, le diplomate Moncef Baâti, rappelé par le pouvoir alors qu’il était à la retraite, avait été limogé, lui aussi après cinq mois en fonction, accusé par la présidence tunisienne d’avoir privilégié dans un dossier les Palestiniens au détriment des relations avec les Etats-Unis.
Kaïs Kabtni, jusqu’alors en poste en Ethiopie, avait pris ses fonctions à l’ONU le 31 mars 2020. Il a notamment conduit avec son homologue français Nicolas de Rivière de difficiles négociations pendant trois mois au sein du Conseil de sécurité, ayant abouti à l’adoption le 1er juillet d’une résolution appelant à un cessez-le-feu dans les pays en conflit, afin de faciliter la lutte contre la pandémie de Covid-19. C’est la première résolution jamais adoptée à l’ONU à l’initiative de la Tunisie depuis son indépendance, a-t-il relevé.
Ce double limogeage par le pouvoir tunisien est «très mauvais pour l’image de mon pays», a déploré l’ambassadeur Kabtni, en mettant en cause «l’entourage du président» tunisien dans son éviction. Il a précisé à l’AFP avoir refusé une mutation vers un poste prestigieux en Europe, affirmant n’avoir «plus de confiance» envers le président tunisien Kaïs Saïed. «J’ai fait mon devoir, je me suis investi à fond» avec une toute petite équipe diplomatique à New York et «ça me désole» pour la Tunisie, a ajouté ce juriste de formation, en faisant part de sa profonde déception.
NH (avec AFP)