- Le président français considère, désormais, l’Islam politique comme étant l’origine du mal…
- Si les personnes fichées venaient à être rapatriées, elles constitueraient des bombes à retardement pour notre pays
- La Tunisie devrait se concerter avec les deux autres pays maghrébins avant la prise de toute décision
- Les tiraillements politiques et partisans avaient bloqué la naissance de l’Agence nationale de renseignements
Dans l’une de ses rares apparitions sur les plateaux télévisés, l’Amiral Kamel Akrout, ancien premier conseiller à la Sécurité nationale auprès du président de la République du temps de feu Béji Caïd Essebsi, a eu, hier samedi 24 octobre 2020, une intervention à l’émission « Géo Express » d’Express Fm au micro d’Asma Rihane, devenue une des spécialistes des grands événements internationaux.
Se trouvant à l’étranger, l’Amiral Akrout, a eu l’amabilité de répondre présent pour traiter de questions à propos du thème brûlant d’actualité, à savoir la décision de la France d’expatrier des centaines de personnes d’étrangers fichés comme étant, selon Paris, des extrémistes ou carrément des «terroristes islamistes » présentant une menace pour la sécurité française et un danger pour l’Etat civil et laïc et ses valeurs républicaines.
Pour commencer, l’invité a mis relief la montée, ces derniers temps, des partis radicaux et populistes qui mettent la pressions sur les gouvernements des pays européens dont celui français. La pression vient aussi de l’opinion publique, gonflée à bloc et qui fait des amalgames, ce qui a amené le président Emanuel Macron, à titre d’exemple, à opter pour un discours très musclé à l’encontre de « l’Islam politique qu’il considère comme étant à l’origine du mal… »
Et d’ajouter que Macron est allé jusqu’à parler d’un Etat dans l’Etat représenté par certains groupes islamistes tout en annonçant des mesures et des décisions sévères dont notamment l’interdiction d’associations islamistes dont celle d’Ahmed Yacine, de certains Imams et autres Centres dits de culture islamique.
Quant à la décision d’expulser des ressortissants dits extrémistes et terroristes, au nombre 231, elle est, selon Kamel Akrout, très difficile à concrétiser car légalement et selon l’article 25 de la Constitution tunisienne, personne ne peut obliger un citoyen à NE PAS RENTRER AU PAYS S’IL LE VEUT. « D’ailleurs, la France, elle-même, avait refusé de recevoir des ressortissants de DOUBLE nationalitéS ET MÊME DES français DE SOUCHE.
Et si la décision venait à être appliquée, cela ouvrirait la porte à d’autres possibilités du même genre chez d’autres pays de l’Union européenne, sans oublier que si les individus en question, hommes ou femmes, ont des enfants, quels sort serait réservé à ces derniers qui sont concernés par des clauses juridiques internationales spécifiques et très compliquées.
L’Amiral a indiqué que, selon son avis, la Tunisie n’accepterait pas une telle opération d’expulsion et de rapatriement, d’où l’attente de discussions très serrées lors de la visite imminente du ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, après celle effectuée aujourd’hui, dimanche, en Algérie.
D’ailleurs, la Tunisie devrait patienter pour voir la suite réservée par les autorités des deux autres pays maghrébins afin de présenter une position commune et synchronisée.
L’Amiral a tenu à mettre en garde contre le fait que ces personnes à expulser constitueraient des bombes à retardement, sans oublier que la décision tunisienne est souveraine et notre pays pourrait très bien évoquer l’attitude de la France refusant de recevoir des combattants de nationalité française afin de comprendre l’éventualité d’une décision tunisienne similaire.
Prié de commenter la stratégie officielle tunisienne en la matière, Kamel Akrout tenu à préciser qu’il s’agit d’une affaire du ressort du Conseil de sécurité nationale qui doit se pencher d’une manière efficace sur ce genre de questions.
Evoquant le projet de la création de l’Agence nationale de renseignements dont il était chargé, l’Amiral Akrout a affirmé qu’effectivement la question était sur la table, mais a déploré les tiraillements politiques et partisans à l’époque depuis 2017 et qui avaient empêché son aboutissement sachant que l’émergence d’une telle Agence, à l’instar de ce qui existe dans tous les pays du monde, aurait contribué à unifier les efforts et permettre un traitement efficace et homogène des problèmes de sécurité nationale.
Noureddine HLAOUI