- Impact majeur sur le volet économique et une influence à double tranchant sur les orientations politiques.
- Entre la « diplomatie du mechoui » de Jens Euwe Plötner à l’ancrage du numérique par Dr Andreas Reinicke.
TUNIS – UNIVERSNEWS Les relations de coopération tuniso-allemandes ont été toujours imprégnées par un caractère privilégié, notamment, au niveau officiel et gouvernemental, et ce, dans le sens où l’Allemagne était considérée, souvent, comme étant le troisième partenaire européen de la Tunisie, après la France et l’Italie.
Par ailleurs, l’Allemagne était, pendant longtemps, le premier pourvoyeur de notre pays en touristes, ce qui a constitué un appui de taille à l’économie nationale, grâce à l’apport en devises fortes.
Mais cette coopération, élevée au rang de partenariat, était visible et bénéfique au niveau de la société, dans la mesure où les organisations et autres associations allemandes, aussi bien publiques que privées, ont été de tout temps très actives et fort impliquées dans la dynamique socioéconomique, financière et culturelle.
Il va sans dire, en effet, que le tissu associatif contribue à rapprocher les peuples et à renforcer le volet officiel de la coopération bilatérale.
C’est ainsi qu’on compte un nombre considérable d’associations dont on cite entre autres :
– La Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (AHK) ;
– La GIZ -Tunisie ;
– La Fondation Konrad Adenauer Stiftung (KAS) ;
– La Heinrich Böll Stiftung – Bureau Afrique du Nord ;
– La Fondation Friedrich Naumann ;
– La Fondation Hanns Seidel au Maghreb ;
– La Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung – Tunisie ;
– Germany Trade & Invest (GTAI);
– KfW – La Banque Allemande de Développement ;
– DAAD Tunisie ;
– Goethe-Institut Tunis…
Pour mieux cerner les rôles de ces organisations, il est utile de jeter un coup d’œil sur leurs différentes cartes d’identité.
Cartes d’identité des organisations allemandes en Tunisie
La KAS Tunisie est une fondation politique proche de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (Christlich Demokratische Union Deutschlands, CDU). Les marqueurs forts sont la mise en valeur de la liberté, justice et solidarité en Tunisie.
Derrière cette fondation se trouve Konrad Adenauer, cofondateur de la CDU et premier chancelier fédéral allemand. Ce dernier mêle les traditions chrétiennes-sociales, conservatrices et libérales, afin de préserver la démocratie dans le monde arabe en premier lieu par le soutien à la société civile.
La GIZ est active en Tunisie depuis 1975 et y a installé un bureau à Tunis en 1999.
Les soutiens de la GIZ sont le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et d’autres bailleurs de fonds, tels que les ministères fédéraux de l’Environnement, de la Protection de la Nature, de la Construction et de la Sûreté nucléaire (BMUB), des Affaires étrangères (AA), de l’Économie et de l’Énergie (BMWi) et l’Union européenne (UE).
Près de 40 experts expatriés, plusieurs experts intégrés et environ 150 collaborateurs nationaux offrent leur appui aux partenaires tunisiens que ce soit au niveau national, régional ou communal. Ils les conseillent dans la mise en place d’institutions, en assurant la formation d’experts et en renforçant les coopérations régionales et sectorielles.
Ils coopèrent avec les acteurs du secteur public, de la société civile et du secteur privé. Afin d’être plus visible dans les régions, la GIZ a ouvert des bureaux de projets dans la capitale Tunis ainsi qu’à Béja, Kairouan, Sidi Bouzid et Sfax. Participation et démocratisation sont renforcées là où les changements produiront les résultats les plus significatifs.
Afin de stabiliser la démocratie tunisienne encore jeune et d’améliorer activement et durablement les conditions de vie des citoyens, la GIZ appuie la Tunisie dans quatre secteurs, en mettant particulièrement l’accent sur le développement des régions rurales.
Mandatée par le gouvernement fédéral allemand, la GIZ apporte son soutien à la Tunisie au travers de nombreuses actions visant à renforcer la performance économique dans les régions. Elle encourage l’esprit d’initiative et l’entreprenariat en mettant l’accent sur les secteurs économiques innovants.
L’AHK Tunisie est créée en 1979 et forte de plus de 30 années d’expérience au service des relations économiques tuniso-allemandes. Elle est un partenaire fiable autant pour les entreprises allemandes que tunisiennes et tout particulièrement les PME, quand il s’agit d’accéder à un marché étranger, diversifier leurs marchés, rechercher des partenaires ou représentants potentiels ou encore investir et s’implanter dans le pays. En tant qu’interlocuteur privilégié des CCI et des organisations professionnelles dans les deux pays, l’AHK à pour objectif principal de promouvoir et de développer durablement les relations commerciales et industrielles ainsi que les services entre partenaires tunisiens et allemands.
L’AHK Tunisie fait partie du réseau mondial des Chambres Allemandes d’Industrie et du Commerce bilatérales dans 90 pays.
Avec tout ceci, le pouvoir central n’a jamais cessé d’apporter et de varier ses aides avec, notamment, de nouveaux fonds comme c’est le cas pour 2020 avec un budget de 200 mille euros servant à financer les projets du fonds de la démocratie, 150 mille euros réservés au fonds de la culture et entre 150 mille et 200 mille euros au fonds de développement.
Après le financement de 14 projets en 2019 dans différentes régions du pays dans le cadre des fonds d’appui à la société civile tunisienne, Culture et Démocratie pour tous, l’ambassade d’Allemagne à Tunis a annoncé l’ouverture des appels à projets pour financer des nouveaux projets proposés et réalisés par les associations locales.
Ainsi, plus de 74 projets, soit 74 associations ont bénéficié d’un financement total de 950 mille euros entre 2016 et 2019 dans le cadre des fonds Culture et Démocratie pour tous de l’ambassade d’Allemagne en Tunisie. Les projets réalisés ont couvert 22 gouvernorats et 132 municipalités.
L’ambassade d’Allemagne à Tunis réaffirme son engagement au regard de la Tunisie
Accompagnant ces efforts des organisations, l’ambassade d’Allemagne à Tunis a réaffirmé son engagement au regard de la Tunisie, en soutenant directement les associations tunisiennes. Pour l’année 2021, l’ambassade vient d’annoncer le lancement de trois appels à projets pour soutenir les initiatives portées par les acteurs de la société civile tunisienne à travers trois fonds. Il s’agit du Fonds du développement pour tous, Fonds de la culture pour tous et Fonds de la démocratie pour tous.
Il est certain qu’on ne pourra pas oublier le rôle joué par Berlin, et son ambassadeur à Tunis, Jens Euwe Plötner, qui avait défendu, bec et ongles, la candidature du gouvernement de technocrate, plus précisément, son chef Mehdi Jomâa, qui comptait également l’allemande notoire Amel Karboul au ministère du Tourisme.
Et on se rappelle la rencontre d’un genre inhabituel entre Mehdi Jomâa et cet ambassadeur sur la route de Béja-Tunis, un certain 11 décembre 2013, autour d’un « bon méchoui », ce qui avait été interprété comme étant un signe de forte proximité, voire d’intimité, entre les deux hommes. D’ailleurs, l’action menée par l’ambassadeur allemand a été surnommée la « diplomatie du méchoui tuniso-germanique » après celle « sino-américaine de ping-pong ».
Plus encore, M. Plötner a été récompensé pour son rôle et promu chef du cabinet du ministre allemand des Affaires étrangères. Et ce n’est pas fini pour l’Allemagne puisque le successeur de Plötner, Dr Andreas Reinicke, a continué sur la même lancée et a contribué à faire bénéficier le gouvernement des technocrates du soutien inconditionnel de l’Allemagne.
Ainsi, la transformation digitale de la Tunisie a eu, en sa personne, un fervent ami utile. Rentré à Berlin après quatre années d’intenses activités à Tunis, l’ambassadeur Dr Andreas Reinicke a repris du service. Sa mission sera conduite en étroite collaboration avec la GIZ, la KFW et d’autres institutions allemandes. L’objectif est d’accroître l‘efficience de la coopération numérique avec les gouvernements et aussi les entreprises du Maghreb.
D’ailleurs, cet ancien ambassadeur d’Allemagne à Tunis, a été nommé ensuite conseiller pour la coopération digitale pour l’Afrique du Nord
Un mot pour finir. Qui pourra oublier l’apport significatif de Berlin en faveur de la ministre du Tourisme par le gouvernement allemand, sans oublier le soutien apporté à la ministre du Tourisme à l’époque, Amel Karboul, elle-même mariée à un ingénieur allemand, Marcus Gottschal, qui vivait en Allemagne.
M.M.