Il va sans dire que la situation actuelle du pays suite à l’épidémie du Virus menace autant la santé physique que psychologique des citoyens et ce quelque soit leur âge. L’incertitude, la prise de conscience de ses limites et de la vulnérabilité humaine exposent chacun à ses peurs, angoisses, colères et somatisations diverses.
La Société Tunisienne de Psychologie est consciente que l’ensemble des citoyens ne ménage pas les efforts individuels, collectifs et nationaux pour y parer.
La Société Tunisienne de Psychologie soutient et encourage tous les efforts notamment ceux des psychologues et des sociétés professionnelles qui sont mobilisés dans le cadre de leurs institutions et associations pour que la peur et l’inquiétude servent la vigilance et le sens des responsabilités plutôt que la panique tout aussi contagieuse et déroutante que le COVID 19.
La STP souhaite également donner quelques recommandations à la population afin de contribuer à ce que la santé psychologique de nos aînés et enfants, des couples et des familles ne passe pas à l’arrière plan en ces temps de confinement solitaire ou groupal.
- Si être confiné protège la santé physique, il n est pas recommandable de se couper relationnellement : être en famille, redécouvrir les siens est une opportunité à valoriser positivement, garder le contact sur les réseaux sociaux avec la famille plus éloignée physiquement aujourd’hui, donner de ses nouvelles et prendre de celles des autres est important et rassure.
- Se retrouver confiné ne veut pas dire se laisser aller ou négliger ses passe-temps préférés. N’hésitez pas à poursuivre ce qui vous a toujours fait plaisir : cuisiner, regarder des films, lire, s’apprêter. Chacun, à sa manière, continue à trouver goût à des activités plaisantes et en découvrir chez les siens. Les petites attentions partagées sont un autre antidote efficace.
- Faites attention en particulier aux personnes âgées et aux enfants. Le COVID, étant présenté comme particulièrement craint pour les premiers, il peut être source d’angoisses majorées d’idées de mort, de risques de se retrouver seul et de souffrance. Être à l’écoute, informer sans traumatiser est salutaire. Avec les enfants, ne les laissez pas seuls face aux écrans sans limite de temps. Ils peuvent aller chercher ou être soumis à des informations qui ne sont pas de leur âge et qui peuvent être anxiogènes pour eux. Choisissez des films de leur âge, regardez les avec eux, encouragez les activités créatives susceptibles d’absorber comme une éponge les angoisses à tout âge. Soyez attentifs à leurs questions, inquiétudes, ne les oubliez pas, ils ont leur manière d’exprimer leur inquiétude, leurs peurs, colères et maux divers… Rassurez-les en expliquant la situation sans effrayer, en transformant le rituel d’hygiène en jeu, etc. Soyez créatifs, inventifs, cela fera du bien à tous.
- N’oubliez pas qu’il est naturel que les moments de retrouvailles familiales ne soient pas que paisibles. Cela, sur fond d’inquiétude générale, peut générer conflits, tensions, etc… En être conscient permet de mieux gérer ses émotions et transformer les moments de tension en moments de discussion, de partage et de verbalisation d’idées toxiques et de stress.
- Protégez-vous de surexposition à l’information. Suivre à longueur de journée, les nouvelles relatives au COVID 19 ne vous aidera pas à mieux vous en protéger. Il s’agit de trouver l’information auprès de sources fiables à des moments limités de la journée. Imposez vous une sorte de rendez vous d’information. (Le journal du soir par exemple et/ou le site de l’OMS pour les infos médicales et/ou une émission radio que vous avez l’habitude d’écouter etc…)
- Enfin et surtout ne censurez pas l’humour. Rire et sourire sont connus pour améliorer votre immunité. Ne vous en privez pas.
La Société Tunisienne de Psychologie souhaite rappeler que nous avons une mémoire récente de résilience collective. Certes les motifs sont très différents mais nous nous souvenons encore de moments incertains, troublants des temps encore si vivaces de la révolution. Chacun a sûrement déjà intériorisé des stratégies d’adaptation sciemment ou inconsciemment.