- La Troïka, Fakhfakh et Chahed parmi les principaux responsables de la dégringolade économique du pays
- Chahed s’est préoccupé de ses ambitions politiques et Fakhfakh a privilégié ses affaires aux dépens des intérêts de la patrie
- Le bateau Tunisie tangue et chavire avec risque de sombrer à tout moment !• Kaïs Saïd, remis à sa place, rentre dans les rangs
- Ennahdha risque de faire main basse sur les centres de décision pour restaurer l’Islam politique
Où va la Tunisie ? C’est la question que se posent toutes les Tunisiennes et les Tunisiens, chaque jour, avec plus d’inquiétude ? Une question légitime, mais ô combien angoissante par les temps qui courent. Des temps où tous les indicateurs ou presque clignotent au rouge. Et le hic, c’est qu’on n’entrevoit pas le bout du tunnel et qu’aucun responsable parmi ceux censés diriger le pays n’a préconisé un plan concret ou même posé les grandes lignes pour s’en sortir.
En quelques lignes, cela a commencé avec l’avènement de la Troïka outrageusement dominée par le parti islamiste d’Ennahdha dirigé par cheikh Rached Ghannouchi dont les salafistes et les membres d’Ansar Chariâa commandé par Abou Iyadh qui rappellent au patron d’Ennahdha sa jeunesse.
Cette Troïka qui a opéré le premier «putsch » en Tunisie, puisqu’au lieu d’opter pour un gouvernement de technocrates pour gérer les affaires du pays et permettre à l’Assemblée nationale constituante (ANC) de préparer le texte de la Constitution et de faire asseoir les instances constitutionnelle, s’est installée aux commandes illégalement et contrairement aux dispositions stipulées par le décret d’août 2011 portant organisation des élections d’octobre 2011.
Et c’est là qu’a commencé le pillage de la trésorerie du pays avec l’aide d’un certain Elyès Fakhfakh, ministre des Finances à l’époque. Déjà !!! Le tout émaillé d’attentats terroristes.
Cela s’est poursuivi avec le passage de Youssef Chahed à La Kasbah. Après avoir crié solennellement « qu’entre la Tunisie et la corruption, il a choisi la Tunisie », il a finalement choisi le pouvoir en consolidant sa mainmise sur La Kasbah tout en manigançant pour s’approprier le Palais de Carthage. Du coup, il a oublié la Tunisie et s’est préoccupé de ses ambitions politiques en nous ressassant le scénario de la « famille » dont il faisait, tout simplement, un fonds de commerce afin de justifier la création de son propre parti, Tahya Tounès en s’appuyant sur les rouages et les hommes de l’Etat.
On se rappelle d’Iyad Dahmani, devenu, de l’avis des connaisseurs, un piètre chroniqueur, venu à l’ARP pour s’adresser avec arrogance aux députés afin de faire passer en force les amendements illégaux de la loi électorale. Même Bochra Belhaj Hamida, remise sur selle par feu Béji Caïd Essebsi lors de l’épisode de la révision de la loi successorale dont la COLIBE a carrément bâclée, s’est joint à ce qu’on appelait la « troupe des Go Djo ». On se rappelle qu’elle défendait, bec et ongle et avec grande agressivité, ce parti qui a « cassé » la famille des centristes progressistes pour, finalement, récolter des miettes par rapport aux moyens matériels et humains énormes mis en jeu. Sachant que le noyau dur de Tahya Tounès est parti du bloc national, à l’époque, animé par Mustapha Ben Ahmed et…Bochra Belhaj Hamida.
Ainsi, tout en essuyant un camouflet électoral historique, présidentiel et législatif, Chahed a laissé un pays en ruines avec des bilans erronés par un jeu d’écritures concernant les lois de finances et les états budgétaires, comme l’a avoué l’ex-ministre des Finances, Nizar Yaïch
Et ce n’est pas fini. Avant de partir pour de bon, il nous a légué une autre « catastrophe » en étant le seul à avoir proposé Fakhfakh pour former le gouvernement devant succéder au sien. En effet, se présentant comme étant la personne la plus propre de la Tunisie, il a dû, finalement partir par la petite fenêtre traînant avec lui de présumés conflits d’intérêts et une présumée évasion fiscale dans le sens où pendant 4 ou 5 années successives il a présenté aux services du fisc une déclaration avec la mention : « Néant bénéfice» ! Franchement, qui peut avaler une pareille couleuvre ?!!!
Sans oublier que, dans un comportement que tous les spécialistes ont qualifié de « gamineries indignes d’un homme d’Etat », il a procédé à des nominations et des limogeages aux différentes échelles des mécanismes du pouvoir. Et le bouquet fut sa sortie mesquine, deux heures durant, dans une émission de talk show !!!
Et au moment où l’espoir a ressurgi avec la nomination d’un pur produit de l’Ecole et de l’administration tunisienne en la personne de Hichem Mechichi pour former le gouvernement, tout a foiré au dernier moment par la faute du président de la République, outrageusement influencé par sa cheffe de cabinet, Nadia Akacha, son frère Naoufel Saïed, un certain Ridha Mekki dit Lénine sans oublier Nizar Chaâri qui semble avoir eu un rôle dans l’élection de Kaïs Saïed et dans la formation des «groupes » agressifs et violents agissant sur la toile pour insulter tout internaute qui ose adresser la moindre critique envers leur « maître ».
En effet, alors que M. Mechichi parvenait à imposer voire convaincre les responsables des partis de l’idée d’un gouvernement composé de compétences nationales et indépendantes sans l’implication des partis politiques, le chef de l’Etat et son « staff » se sont ingérés pour imposer leurs « pions » avec des interventions trop voyantes.
Et la goutte qui a fait déborder le vase a été la façon du chef de l’Etat de « casser » la décision du chef du gouvernement chargé et de lui imposer le ministre de la Culture après avoir été, officiellement et publiquement, évincé.
Depuis, c’est la rupture entre les deux têtes de l’exécutif. Et pour passer à l’ARP et pouvoir se maintenir à La Kasbah, Hichem Mechichi a cru bon de s’appuyer sur une majorité composée, essentiellement, d’Ennahdha, de Qalb Tounès et d’Al Karama.
Résultat à la course de cette bataille d’amour propre, Hichem Mechichi s’est jeté, carrément, dans les bras du trio en question tout en lui faisant de nombreuses concessions, au niveau des nominations en plaçant plusieurs de leurs hommes dans des postes-clé. Il n’y a qu’à voir les noms des conseillers et celui de la sûreté publique pour s’en convaincre.
Et l’autre goutte qui a fait déborder le vase a été l’humiliation qu’a fait subir Kaïs Saïd au chef du gouvernement qui a fini par se rebeller et décider d’interdire à ses ministres de rencontrer le chef de l’Etat sans son autorisation préalable tout en lui remettant un rapport d’audience.
Ainsi, comme l’on s’y attendait, M. Mechichi a été briefé quant à ses véritables prérogatives qui sont énormes alors que celles du président de la République sont réduites à néant ou presque…
En plus de cette rupture de facto entre les deux « chefs », la situation socioéconomique se présente comme des plus sombres, quelques chiffres révélateurs à l’appui :
-Une dette publique s’élevant à près de 88 milliards de dinars et de plus de 100 milliards si on y ajoute les dettes des entreprises publiques.
-Une production en panne dans la majorité des secteurs (pétrole, phosphate, gypse, etc.).
-Un secteur touristique et hôtelier qui, Coronavirus oblige, est en cessation presque totale d’activités.
-Un taux de chômage en hausse vertigineuse, notamment après la crise sanitaire, des secteurs entiers en crise pour ne pas dire en panne : enseignement tous cycles confondus, santé, industries, échanges commerciaux, etc.
-Des clivages politiques très nets avec la possibilité de faire passer en force plus d’une lois décisive pour l’avenir du pays, dont notamment la Cour Constitutionnelle, la HAICA, la lois sur la protection des forces de sécurité, etc.
A cause de l’hégémonie exercée par Ennahdha, sur les autres partis, les Tunisiens vont se retrouver encore une fois les otages des héritiers des frères musulmans et autres extrémistes et adeptes des violences, sans que les dirigeants ne s’intéressent aux vraies problèmes auxquels font et devront faire faces les Tunisiens dans leur vécu quotidien, à savoir, la cherté de la vie et l’usure de leur pouvoir d’achat
Quand on sait que selon un des élus, le prix par tête de députés peut atteindre les 150 mille dinars, on se rend compte que la prospérité et le développement du pays sont les derniers des soucis des politiciens qui cherchent à se remplir les poches. Et selon les chiffres et les fortunes qu’on découvre aujourd’hui après le 14 janvier 2011, à travers les fuites, les « richards » du temps de Ben Ali seraient des enfants de chœur !
Quant à notre cher président Kaïs Saïed, il semble se recroqueviller sur lui-même voire s’ennuyer pour ne pas dire à la limite de la déprime parce qu’il n’a rien à faire après s’être rendu compte de la vérité en face et de la réalité voulant qu’il soit dépourvu de toute véritable prérogative alors qu’il croyait pouvoir exercer ses talents de populiste dans tous les départements gouvernementaux.
Morale de l’histoire : le pays est livré à lui-même sans vrai commandant de bord dans le sens où le Palais de Carthage n’est, finalement, qu’une coquille vide alors qu’à La Kasbah, Hichem Mechichi se trouve sous la coupe des trois partis qui partagent les dividendes de leur entente
Donc, en attendant d’avoir un vrai commandant de bord, le bateau Tunisie tangue au gré des vents et chavire au risque de sombrer à tout moment. C’est plus un cri d’alarme qu’on lance ici, mais un triste et ultime SOS de détresse !
Noureddine HLAOUI