Le développement de la culture du colza représente un enjeu prioritaire pour la Tunisie. En effet, cette graine oléagineuse permet non seulement la production d’huiles végétales destinées à l’alimentation humaine, mais aussi la production de tourteaux, coproduit utilisé pour l’alimentation des animaux d’élevage.
Le développement de cette culture a débuté en 2014 suite à l’initiative conjointe du ministère de l’Agriculture et de Carthage Grains. L’introduction du colza a été motivée par la nécessité de diversifier la rotation des cultures afin de renforcer les performances des cultures céréalières, mais également pour améliorer l’autonomie nationale en huiles et protéines végétales. En outre, cette culture offre des solutions d’avenir face aux défis de préservation des équilibres écologiques.
Le programme Maghreb Oléagineux, initié par Terres Univia en 2019 et cofinancé par l’Union européenne, s’inscrit pleinement dans l’ambition d’une agriculture performante et respectueuse de l’environnement qui vise à accroitre la production tunisienne de colza, tout en contribuant à la montée en compétence des agriculteurs de la filière grâce à des sessions de formation dédiées.
Vers le renforcement de la souveraineté alimentaire
La consommation des produits issus des graines oléagineuses connait une forte croissance à l’échelle mondiale. Plus spécifiquement, l’huile et le tourteau de colza ont connu une croissance de plus de 20% en 10 ans. Cette tendance est aussi vraie en Tunisie avec un consommation d’huiles de graines et de tourteaux atteignant respectivement 281 000 et 470 000 tonnes en 2020-2021, et dont plus 97% ont été importés.
Cette dépendance aux importations fait peser un lourd fardeau sur les finances du pays qui subissent de plein fouet la volatilité des marchés mondiaux des denrées alimentaires. La question de la production d’oléagineux en Tunisie représente donc un enjeu de taille et une solution concrète aux aléas des cours mondiaux.
A cet effet, le développement de la filière nationale de colza permet de réduire la dépendance aux importations en huiles et protéines végétales, d’améliorer l’équilibre de la balance commerciale et de renforcer l’activité économique, notamment dans les zones rurales du pays.
Notant qu’entre 2014 et 2021, les superficies de colza récoltées sont passées de 463 à 14 330 hectares. La récolte de la campagne 2020-2021 a permis à la Tunisie de produire 7 600 tonnes d’huile et 10 200 tonnes de tourteaux de colza. Même si le taux de couverture de 2,3% est encore faible au regard du marché, la dynamique mise en place par les acteurs, de l’amont et de l’aval, constitue une base solide pour le développement de la filière dans les années à venir.
Sur le long terme, la Tunisie ambitionne d’atteindre une surface cultivée de 150 000 hectares de colza, ce qui permettrait au pays de réaliser des récoltes estimées à 240 000 tonnes et d’améliorer les rendements de blé suivant un assolement colza.
A ce niveau de production, les effets positifs induits sur la souveraineté alimentaire, la création de valeur pour le monde rural et la balance commerciale seraient conséquents. Cet objectif permettrait de redistribuer dans l’économie du pays près de 580 millions de dinars, correspondant à la baisse des importations de blé (~45 MDT), la baisse des importations de tourteaux (~235 MDT) et la baisse des importations d’huiles (~300 MDT).
I.Z.