Comme annoncé, le Comité de défense dans les affaires des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, a tenu, ce matin du jeudi 10 janvier 2019 au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour faire le point sur l’état d’avancement de l’action dudit Comité.
Me Ridha Raddaoui a révélé que les membres du Comité n’ont jamais baissé les bras et ont accepté la décision de suivre l’approche procédurale préliminaire imposée par le ministère public et se sont rendus à l’Unité nationale de lutte contre le terrorisme à El Aouina qui a entamé les investigations le 5 décembre 2018.
« Et alors que les membres de l’Unité ont fait un excellent travail en lançant des commissions rogatoires pour faire avancer l’enquête sur des bases solides. Mais après deux longues journées d’audition, les 5 et 7 décembre 2018 et signé un document de représentation officielle, ajoute Me Raddaoui, nous avons été surpris de devoir tout recommencer sur instructions du ministère public qui est allé même jusqu’à annuler les commissions rogatoires, pours des prétextes et de subterfuges ».
Le conférencier affirme qu’il est apparu clairement que « le procureur général, Béchir Akremi suit les instructions venues de Montplaisir en vue d’entraver le bon déroulement du traitement du dossier après l’avoir escamoté en sa qualité de juge d’instruction en dispersant les affaires et qu’il va falloir trouver un moyen de faire la part des choses dont notamment la mise à l’écart de ce procureur ».
« D’ailleurs, nous nous adresserons, dans ce sens, au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour essayer de trouver une solution à cette problématique… »
La conférence de presse assurée, aussi, par Me Imène Gzara, a permis de faire de nombreuses révélations fracassantes. On citera, d’abord, que le juge d’instruction du 12ème Bureau a accusé, officiellement, Mustapha Khedher de meurtre avec préméditation dans l’assassinat de Mohamed Brahmi.
Ensuite, on apprend que c’est bien Ameur Belaâzi, appartenant à Ennahdha, qui a jeté les deux pistolets ayant servi à l’assassinat des martyrs Mohamed Brahmi et Chokri Belaïd, à la mer sans qu’il y ait la moindre enquête avec ce personnage dont la participation aux agressions perpétrées contre les manifestants à l’avenue Bourguiba, le 9 avril 2012.
Une précision, toutefois, le procès-verbal d’Ameur Belaâzi a été, curieusement, perdu, selon les membres du Comité.
La conférence a fait ressortir avec certitude que les documents retrouvés dans les locaux du ministère de l’Intérieur avaient été bel et bien volés et déposés d’une manière illégale au ministère, d’où la décision du juge d’instruction de les saisir et les transférer au ministère de la Justice sachant que parmi les documents, on retrouves ceux relatifs à l’organisation secrète et à Ennahdha ainsi que des documents appartenant aux archives officielles du ministère de l’Intérieur. « Que font ces archives chez Mustapha Khedher ? », se sont interrogés les avocats !…
Parmi les autres contenus, Imene Gzara révèle l’existence des copies chèques appartenant à Abdelaziz Daghezni, gendre de Rached Ghannouchi, et des correspondances de ce dernier avec Mustapha Khdher qui avait, selon le Comité, des relations directes avec de hauts cadres au ministère de l’Intérieur dont en particulier les Beldi, Boubahri, Bouthelja sans oublier Ali Laârayedh et Noureddine Bhiri, connus pour leur proximité avec Ennahdha et soupçonnés d’avoir aidé à la fuite d’Abou Bakr Al Hakim.
Pour conclure les membres du Comité ont réaffirmé leur détermination à aller jusqu’au bout, non pas pour des considérations politiques ou électorales comme se plaisent à faire propager certains, mais par conviction et volonté de parvenir à la vérité totale.
C’est ainsi qu’ils vont réclamer la levée de l’immunité judiciaire sur Béchir Akremi auprès du CSM. C’est ainsi « qu’ils accusent, nommément, l’actuel ministre de l’Intérieur d’être complice dans le délit de cacher la vérité en continuant à nier l’existence de documents et d’archives volés.
C’est ainsi que membres du Comité de défense vont reprendre les rencontres dans des régions de l’intérieur du pays tout en s’engageant à révéler des données qu’ils ne sont pas censés diffuser, mais « au vu des agissements du ministère public, ils ont décidé de tout dévoiler, car probablement, ce qui n’avait pas été dit, pourrait être plus grave !… ».
On notera, enfin, que la conférence de presse a été marquée par la présence d’un très grand nombre des représentants des médias ainsi que des personnalités dont on citera, outre Néji Bghouri, président du SNJT, Zied Lakhdhar, Zouheir Hamdi, Saïd El Aïdi, Kalthoum Kennou et M’barka Aouaïniya…