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Fakhfakh et Yaïch ont évoqué des « anomalies » chez le gouvernement Chahed, le peuple attend qu’on lui dise toute la vérité !
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Le bilan de l’ancien chef du gouvernement : négatif selon la majorité des observateurs
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Même pour l’histoire, les Tunisiens veulent savoir les raisons des humiliations subies par Abdelkefi, Brahem et Ben Kaddour…
Les auteurs des différentes critiques, adressées sans cesse à toutes les équipes passées au pouvoir, notamment depuis le 14 janvier 2011, se sont toujours plaints de l’absence de confiance entre gouvernants et gouvernés, mais pourtant, rien n’a été fait pour recouvrer le crédit auprès du peuple, condition sine qua non, pour pouvoir faire gérer les affaires du pays dans les meilleures conditions possibles.
Dans l’état actuel des choses, ce principe est plus que jamais de rigueur dans le sens où le chef du gouvernement et ses ministres ont juré d’être transparents et de dire la vérité, toute la vérité sur l’état des lieux trouvé lors la passation.
Et avec la crise sanitaire sans précédent, chose qui va compliquer à l’extrême la tâche de la nouvelle équipe gouvernementale, il est plus qu’impératif pour Fakhfakh et son staff de brosser, sans plus tarder et sans la moindre « cachoterie » ni omission, le tableau de la situation économique et financière ainsi que celle des établissements publics. Le tableau existant et les perspectives d’avenir.
Et maintenant que la situation sanitaire commence à se décanter, n’en déplaise à Abdellatif Mekki qui semble tenir au maintien d’une certaine psychose, le gouvernement est appelé à s’adresser au peuple et à lui parler d’autre chose que le Coronavirus : des difficultés structurelles, des chances de s’en sortir et à quel prix !…
Or, deux déclarations significatives et fort dramatiques exigent des de plus amples explications. Et toutes les deux ont trait à la gestion menée par l’ancien patron de La Kasbah, Youssef Chahed. La première étant sortie de la bouche du ministre des Finances, Nizar Yaïch qui a évoqué, devant les députés, une « situation catastrophique à un point inimaginable tout en lançant un aveu très grave et très dangereux avec l’accusation directe concernant l’élaboration des budgets des dernières années basés sur de fausses données et à partir de démarches faussées ». Et d’un !
La seconde est venue de l’expert Ezzeddine Saïdane, réputé pour sa franchise et pour son mérite de bannir la langue de bois. Eh bien, lors d’une émission radiophonique, il a annoncé que lors d’une séance de travail avec le chef du gouvernement groupant la crème de nos experts économiques et financiers, des vérités insoupçonnées, jusque-là, ont été avancées quant à la gestion « déréglée » au cours des trois dernières années.
Et comme il s’agissait d’une réunion du type « of the record », il n’en avait pas dit davantage. Mais nous lui disons que l’honnêteté et le droit des Tunisiens à l’information exigent de lui fournir les éclaircissements nécessaires à l’opinion publique. D’ailleurs, M. Fakhfakh est tenu de dire la vérité au peuple ou alors qu’il permette aux économistes concernés d’en parler.
Dans le cas contraire, cela confirmerait les hypothèses laissant entendre que l’actuel chef du gouvernement ne peut pas « trahir » son bienfaiteur qui était à l’origine de sa nomination à La Kasbah alors qu’il «était « bon dernier » dans le classement des candidats à la course pour la formation du gouvernement.
Effectivement, tenter de tout ramener à la pandémie sanitaire mondiale constituerait une grave erreur pour occulter la réalité quant à la mauvaise gestion durant les dernières années sachant que si Habib Essid a passé un an et demi à la tête du gouvernement, Youssef Chahed en a passé quatre avant de partir en cédant un lourd héritage.
Ezzeddine Saïdane estime que :
-La moitié, du budget est destinée au paiement des salaires de la Fonction publique avec plus de 19 milliards de dinars
– Le volume du budget représente environ 40 % du PIB, alors que selon les standards internationaux, le volume du budget ne doit pas dépasser 20% du produit intérieur brut.
-Négociation très difficiles attendues avec le FMI
-L’emprunt prévu pour le financement du budget de l’Etat, estimé à 12 milliards de dinars contre 10,3 milliards de dinars en 2019, soit en hausse de près de 16%.
– Hausse du niveau de la dette publique qui atteindra 89% du PIB en 2020, ainsi que celle de la dette extérieure qui va dépasser 100% du PIB, ce qui accentuera les pressions sur l’économie tunisienne.
Parmi les autres chantiers urgents à engager, Saïdane cite, aussi, la maîtrise de l’inflation, du déficit de la balance commerciale et des dépenses de l’Etat tout en réitérant sa proposition de procéder à un diagnostic objectif de la situation économique et d’engager dans l’urgence, un plan d’ajustement structurel sur une année et demie, pour entamer ensuite, la réalisation des grandes réformes qui nécessiteront trois à quatre années.
Comme on le constate, les chantiers sont vastes et multiples en attendant que Fakhfakh et Yaïch nous disent toute la vérité que les « anomalies » qui semblent explosives.
Il faut dire que Youssef Chahed a, de l’avis général des observateurs, privilégié sa carrière politique et ses ambitions personnelles aux dépens de l’intérêt de la patrie et des Tunisiens. En effet, il a passé son temps à se chamailler avec Hafedh Caïd Essebsi pour le leadership de Nidaa Tounès, à créer de toutes pièces son propre parti politique avec l’idée de « réaliser un raz-de-marée » électoral lui permettant de gouverner en maître absolu à Carthage, au Bardo et à La Kasbah.
Après s’être débarrassé de Mohsen Marzouk en hissant HCE au premier plan de Nidaa lors du fameux congrès de Sousse en 2016, il a fini par disloquer le Nidaa historique avant de s’allier à Ennahdha contre son bienfaiteur feu Béji Caïd Essebsi, sans qui il n’aurait jamais eu de carrière politique, et qui ne s’en est jamais remis. La seule chose qu’il a pu faire est de refuser de signer la fameuse loi exclusionniste sur mesure et votée au parlement lors d’un passage en force inouï.
On n’oubliera pas qu’il a passé son temps à trouver les moyens et les astuces pour se débarrasser de ceux qu’il considérait comme étant de probables rivaux. De Fadhel Abdelkefi à Khaled Ben Kaddour en passant par Lotfi Brahem.
Le premier s’est vu surgir des tiroirs une affaire-bidon qui l’avait contrant à démissionner…Le deuxième a été limogé pour des raisons futiles, le tout sur fond d’une tentative de lui coller une affaire de haute trahison en se faisant aider par une puissance tierce. Une affaire montée de toutes pièces par le lugubre Nicolas Bau…Le troisième sur fond d’une affaire d’un gisement pétrolier très litigieuse.
Pour ce dernier point, Youssef Chahed est allé jusqu’à supprimer un ministère clé pour l’économie tunisienne, celui de l’Energie sans passer par les procédures réglementaires, sachant qu’il avait promis aux journalistes de dévoiler tous les détails du dossier, mais il n’a jamais tenu cette parole !
Finalement M. Chahed n’a réussi sur aucun front : ni sa carrière politique, mais là le peuple s’en fiche, car c’est sur le plan économique et social que le peuple va lui demander des comptes à rendre. Et là on compte sur Elyès Fakhfakh et Nizar Yaïch pour dire s’il a des comptes à rendre ou s’il est clean.
Et on n’oubliera jamais cette pseudo « guerre menée contre la corruption puisque de toutes les personnes arrêtées aucun des suspects n’est encore détenu, à part Chafik Jerraya qui attend en prison pour être jugé sur une affaire de faux et usage de faux comme on en voit tous les jours. Alors que plusieurs autres, dont les plus célèbres Saber Laâjili et Imed Achour, sont restés plusieurs mois en détention avant d’être lavés de toute accusation. Très grave !
En tout état de cause, on le dit et répète : Fakhfakh et Yaïch, qui ont commencé à lâcher le morceau, sont dans l’obligation de servir la patrie et de tout dire au peuple tunisien qu’ils ont juré de servir en toute loyauté. Le peuple vous attend. Il est même impatient d’entendre, enfin, les « quatre vérités » !
Noureddine HLAOUI