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Vous voulez la franchise, n’est-ce pas ? Les dettes des entreprises publiques, je ne vais pas les payer…
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La Loi des Finances est élaborée sur la base de vieilles méthodes désuètes
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Enfin, un état des lieux réel, sombre, sans maquillage, trop loin du bilan à l’eau de rose et aux clignotants au vert, ressassé par Youssef Chahed
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La reprise du développement et de la croissance se fera grâce au secteur privé
Intervenant hier jeudi 27 mars 2020 devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Nizar Yaïch, ministre des Finances, était d’une transparence exemplaire, d’un esprit de synthèse remarquable et d’une honnêteté rare chez les politiciens
Parlant des banques ; il a pris comme exemple une banque maghrébine et non tunisienne qui a fait don de la moitié de ses bénéfices
Une critique intelligente a l’ensemble du système et des institutions bancaires tunisiennes. Une critique qui semble ne pas être tombée dans l’oreille d’un sourd, puisque l’ensembles des banques de la place ont révisé, considérablement, leur contribution à l’effort nationale dans la lutte contre le Coronavirus qui a engendré une pandémie mondiale sans précédent En effet, en dépit des formidables percées scientifiques et médicales réalisées à travers le monde, la Communautés internationale se trouve impuissante face au fléau et n’a rien trouvé, pour le moment, comme parade à part…le confinement qui demeure très dur à appliquer sans oublier les préjudices qu’il cause à la dynamique socioéconomique…
Après avoir mis, ainsi, l’accent sur ces difficultés, le ministre des Finances, a indiqué, ce jeudi 26 mars 2020, lors de son intervention à la séance plénière, que la situation économique actuelle, et abstraction faite des retombées conjoncturelles causées par le Coronavirus, demeure très difficile.
«Les chiffres que vous voyez et les données concernant la Loi de finances sont, certes, réels et justes, mais ils sont établis selon une méthode ancienne conformément à une loi organique vieille de plusieurs années. Les chiffres fournis par le ministère des Finances sont corrects, mais établis selon une ancienne méthode qui ne reflète pas la réalité de la situation, puisqu’elle ne prend pas en considération les arriérés de l’année précédente, celle de 2019. Elle ne comporte pas, non plus, les engagements hors budgets, ni les crédits des entreprises publiques et privées. Il s’agit de centaines de millions de dinars».
Il s’agit de dettes qu’il faut payer, mais je ne vais pas les payer. Avec la loi de Finances adoptée, nous ne pouvons payer les dépenses, je vous le dis, c’est impossible. Vous voulez la franchise, n’est-ce pas ? Je vous donne la réalité de la situation», a-t-il martelé en substance sur un ton émouvant et dramatique.
Par contre, il faut absolument honorer les crédits à l’international. Il n’est pas question de les rééchelonner, a indiqué, avec amertume, le ministre.
Ce qu’il faut, désormais, c’est dévoiler le vrai état des lieux et un bilan réel. Il faut passer aux méthodes IPSAS. C’est un travail que nous avons, déjà, commencé.
Et d’enchaîner, la situation est difficile ? Oui…Y a-t-il de l’espoir ? Oui… Y a-t-il des solutions ? Oui…Mais partiellement et progressivement dans la mesure où tous les efforts actuels ne seront pas suffisants. « Il ne faut pas oublier la situation des entreprises publiques, qui outre les efforts financiers, nécessitent une véritable restructuration. Sans parler du budget, des déficits », soulignant que ce bilan est établi avant la crise du coronavirus, qui ne fait qu’approfondir la crise.
Après cet état des lieux, sombre et pessimiste, le ministre des Finances, a exhorté les différentes parties prenantes au pouvoir à mettre un terme aux tiraillements parce que l’heure est grave et la situation est très difficile. Des solutions ? Il y en a à conditions de changer les méthodes. Nous avons un programme que nous avons entamé. Nous devons batailler sur deux fronts : la situation économique et le coronavirus.
Délaisser la crise économique initiale et se concentrer sur la crise du coronavirus serait l’erreur stratégique à ne pas commettre. Il faut changer le processus, et préparer le terrain », affirme Nizar Yaïch, tout en réaffirmant avec grande conviction que le secteur privé restera toujours la locomotive de l’économie nationale et le principal facteur générateur de croissance.
En tout état de cause, le ministre a parlé le langage qu’il fallait tenir depuis plusieurs années en brossant un état des lieux, trop loin du bilan à l’au de rose dressé par l’ancien chef du gouvernement, Youssef Chahed qui avait, carrément, d’une économie tunisienne avec des clignotants au vert !
Il s’agit d’une vérité tragique mais réaliste d’un vrai économiste et financier et non d’un langage de politique politicienne d’un ingénieur agronome qui d’avère, en fin de compte, sans envergure qui se contentait de mesures trompe-l’œil alors qu’il passait tout son temps à s’auto-encenser et à préparer sa marche vers le Palais de Carthage
Maintenant, l’état de lieux et la route à emprunter sont clairs, ils sont difficiles à traverser, d’où la nécessité de délaisser les tergiversations et de s’atteler à la tâche pour entamer la traversée du sauvetage…
Noureddine HLAOUI