TUNIS – UNIVERSNEWS Le monde bouge au rythme de l’innovation technologique. La Tunisie, elle, prisonnière de ses lois, avance à pas de tortue. Toujours sans Paypal, sans Uber, sans Airbnb, sans Mobile Payment, sans identifiant unique, sans une loi efficace pour combattre la cybercriminalité, sans carte d’identité et passeport biométriques conformes à la règlementation sur la protection des données personnelles, et un covoiturage toujours sans réglementation…
Apparu en Tunisie, il y a une dizaine d’années, le covoiturage semble s’être installé dans les habitudes de nombreux Tunisiens surtout les jeunes, qu’ils soient étudiants ou salariés. Cette pratique dispose de nombreux avantages aussi bien pour les conducteurs que les passagers au vu de la crise économique qui touche le pouvoir d’achat, mais aussi de la hausse des prix du carburant, des voitures et de la vétusté des transports publics.
Alors qu’en France, une prime de 100 euro consentie par l’Etat a entré en vigueur à partir de janvier 2023 pour encourager le covoiturage, la situation en Tunisie dans ce domaine baigne dans un flou total. Hier, en marge de la 10ème édition du salon de l’entreprenariat Riyeda, la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie, Neila Nouira Gongi, a annoncé le traitement d’un projet de loi pour légaliser voire réglementer le covoiturage en Tunisie. Une bonne nouvelle pour les personnes qui voit cette pratique comme étant une solution face à un transport public indigne de ce nom et à des taxis qui gâchent la vie des gens!
Pour le moment, le covoiturage payant est officiellement assimilé à du transport clandestin de personne et est strictement interdit. Seul le covoiturage gratuit est autorisé (loi n° 2004-33 du 19 avril 2004 portant sur l’organisation des transports terrestres). Pour rappel, les personnes qui recourent au covoiturage pouvaient encourir une amende de 700 dinars pour activité illégale. Pour autant il subsiste un certain flou juridique autour de la question du covoiturage.
Pourtant, malgré ce vide juridique, des sites, des startups, et des groupes de réseaux sociaux se sont développés autour de ce thème et de sa pratique, dont la startup connue Split qui a développé une application numérique gratuite de covoiturage sous le même nom (Split).
Si cette pratique est interdite «normalement par la loi», son ampleur s’explique par la défaillance du service offert par le transport public, qui souffre depuis des années de plusieurs lacunes : retards, encombrement inimaginable, surtout pendant les périodes des vacances scolaires… Cette «nouvelle» alternative, à savoir le covoiturage, a résolu une partie du problème chez plusieurs utilisateurs des moyens de transport public bien qu’elle soit interdite par la loi.