TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – Red.) – La fermeture du poste frontalier de Ras Jedir, durant la période allant du mois de mars à juillet 2024 a engendré à l’économie tunisienne, un manque à gagner de 180 Millions de dinars au niveau des recettes des exportations. Ce manque à gagner pourrait atteindre environ 300 MDT d’ici la fin de l’année en cours si le trafic via ce point de passage ne reprend pas son rythme habituel et que les files d’attente demeurent encore trop longues. C’est ce qui ressort d’une étude intitulée «Les répercussions de la fermeture de Ras Jedir sur l’économie nationale», publiée par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE).
Mis à part ce manque à gagner, l’étude a évoqué un effet non négligeable sur les entreprises qui exportent leurs marchandises via le poste frontalier de Ras Jedir, citant l’exemple du secteur du bâtiment et des travaux publics, des ciments, des produits agricoles et d’autres produits comme le shampoing et les couches de bébés. A cet effet, l’IACE a appelé à coordonner davantage avec la partie libyenne afin de trouver les bonnes solutions permettant de faciliter la circulation des marchandises et des personnes sans aucun risque.
L’IACE a par ailleurs assuré que la fermeture du point de passage de Ras Jedir a pénalisé le trafic des marchandises, de manière légale ou illégale et cela a certainement un coût sur les consommateurs qui consomment ce type de produit, ce qui a créé une pénurie. Ainsi, lorsque la demande est supérieure à l’offre, cela fait monter les prix.
Pour minimiser le risque, l’IACE a appelé au renforcement de la coopération entre les deux pays pour garantir une gestion efficace et améliorer la fluidité du trafic et la sécurité, et ce à travers la modernisation des infrastructures au niveau du poste frontalier de Ras Jedir et la création de plateformes électroniques permettant d’accélérer le processus, mais aussi d’alléger les procédures douanières et de réduire la bureaucratie. Il faut aussi, selon l’IACE, proposer des avantages au profit des PME qui sont actives dans le Sud du pays dans l’objectif de réduire le poids du marché parallèle et ses effets néfastes sur l’économie du pays.
L’étude de l’IACE a révélé en outre que bien que cette fermeture ait participé à minimiser le poids du marché parallèle et de la contrebande dans le Sud et l’ouest de la Libye, elle a ouvert un autre point de passage, sur les frontières avec l’Algérie ayant engendré un manque à gagner en terme de recettes de près de 1200 millions de dinars, selon la Banque Mondiale.
Dans son étude récente intitulée « Copinage, performance économique et inégalité des chances », la Banque Mondiale avait déjà estimé que le niveau des flux de commerce informel qui passent par le point de passage frontalier de Ras Jedir est important, avec des produits d’une valeur d’environ 600 millions de dinars entrant informellement en Tunisie, par an, de Libye par Ras Jedir. Cela donne aux commerçants impliqués dans ce commerce transfrontalier un bénéfice d’environ 120 millions de dinars, bien que la taille des bénéfices varie considérablement selon le type de bien transporté. Le commerce de carburant est l’activité dominante, représentant 10% de la valeur des ventes illégales et 30% des bénéfices.
Selon la même source, entre 200 et 300 de ces véhicules commerciaux traversent la frontière chaque jour. A ce chiffre, il faut ajouter les 500 à 600 (ou plus) voitures qui transportent du carburant et les marchandises de petite taille (pour la plupart des petits appareils électroniques et des vêtements). Enfin, autour de 150 à 200 camions libyens de 38 tonnes traversent également la frontière vers la Tunisie