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…Mais le chef du gouvernement peut-il dire les 4 vérités de son « prédécesseur-bienfaiteur » ?
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Un état des lieux désastreux délaissé par Chahed qui s’était occupé de sa carrière politique
Les Tunisiens sont conscients de la tâche ardue qui attend le nouveau gouvernement dans le sens où il doit faire face à une crise sanitaire sa précédent pour le monde entier, due à la propagation du Coronavirus, mais cela n’empêche pas le nouvelle équipe à La Kasbah de dévoiler au peuple la vérité, toute la vérité et rien que la vérité sur l’état des lieux hérité des gouvernements successifs depuis la révolution du 14 janvier 2011, sensée offrir aux citoyens la liberté et la dignité.
Or, à part le ministre des Finances, Nizar Yaïch, aucun membre du nouveau cabinet n’a parlé d’une manière franche et transparente. Et les rares ministres qui ont parlé, en l’occurrence celui de la Santé et ceux appartenant au Courant démocratique, notamment, continuent à faire incomber la responsabilité des défaillances actuelles à ceux qui ont gouverné durant les 23 ans sous le règne de Ben Ali.
Autant dire qu’ils continuent à tenir un langage populiste facile à faire « gober » aux naïfs. Pourtant, le chef du gouvernement, qui a une trop forte personnalité, donc charismatique, a le devoir de consacrer une sortie au cours de laquelle il est appelé à nous faire un exposé exhaustif, véridique et transparent de la situation économique et financière du pays tout en faisant le diagnostic des responsabilités.
Et afin de dépasser les « fanfaronnades » des divers gouvernants depuis fin 2011 qui se targuent, chacun, d’être le meilleur, il est impératif et obligatoire de procéder à un audit des différents bilans et des différentes passages afin que le peuple sache l’ampleur de la part, positive ou négative, de tout un chacun afin de demander des comptes à ceux qui s’avèrent être les autres de négligences, de mauvaises gestions, de malversations préjudiciables aux deniers publics.
Il ne faut pas oublier qu’il est nécessaire de dire aux Tunisiennes et aux Tunisiens, la réalité sur les dizaines de milliards de dinars engrangés chez les bailleurs de fonds, aussi bien sous forme de crédits que de crédits, sans oublier les chiffres exacts sur les recrutements durant les mêmes années, surtout que le nombre des recrutés parmi les amnistiés islamistes semblent avoir eu la part de lion en la matière, surtout qu’ils l’ont été sur la base de « copinages » et non de compétences.
Peut-on compter là-dessus sur les promesses du « champion de la lutte anti-corruption », Mohamed Abbou ? Ce n’est pas sûr puisqu’il n’a pas été capable de démêler l’affaire de la voiture du ministre d’Etat chargé du Transport et de la Logistique, Anouar Maârouf, alors que théoriquement elle pouvait être instruite en quelques jours voire quelques heures.
Or, si M. Abbou ne réussit pas dans ce test facile mais ô combien significatif, peut-on lui faire confiance pour des affaires de corruption ?
Mais, en réalité c’est la sortie de M. Fakhfakh qu’on attend afin d’expliciter l’état des lieux, de l’aveu même du ministre des Finances, trop sombre. On aimerait une présentation du bilan de son prédécesseur. Mais osera t-il le faire. Peu probable car peut-il mordre la main de son bienfaiteur ? N’est-ce pas Youssef Chahed et son parti, Tahya Tounès qui ont les seuls à le proposer au poste chef du gouvernement ?!
Et si M. Fakhfakh ne veut pas dire la réalité du bilan qu’il a trouvé, les faits les chiffres, qui sont têtus sont là pour en attester. En effet, malgré les remaniements ministériels, l’armée de ministres, de conseillers et de chargés de missions, le gouvernement Chahed s’est distingué par un fiasco sans précèdent, par des choix et des politiques inadaptés et de court terme, se contentant de louvoyer entre les exigences d’Ennahdha et ses propres ambitions présidentielles, d’où le laisser-faire comme s’il était un simple gestionnaires des affaires courantes. Qu’on en juge :
– La proportion d’endettement a atteint plus de 80 % du produit intérieur brut à son départ, comparé à 61.9 % en 2016.
– Le service de dettes atteint un record historique avec plus de 10 milliards de dinars contre 3.990 milliards de dinars à la même période en 2016.
– Le déficit commercial s’est creusé pour atteindre un niveau record évalué à plus de 20 milliards de dinars contre 11.628 milliards de dinars à la même période de l’année 2016.
– Le refus de réviser les accords de libre-échange et de partenariat stratégique conclus par la Troïka avec la Turquie a bardé et a abouti à une hémorragie des devises étrangères
-Le taux de croissance faible avec un niveau record de 0% en 2019
– L’élaboration erronée des projets des lois de finances comme vient de le révéler le nouveau ministre des Finances
On n’oubliera pas l’intégration de la Tunisie dans la liste noire des 17 paradis fiscaux par l’Union Européenne.
A tout ceci on ajoute son souci de réussir sa carrière politique personnelle en créant son propre parti à parti du gouvernement et de l’administration, ses manœuvres pour conquérir, coûte que coûte, le Palais de Carthage sans se soucier de l’éthique morale puisqu’il a fait des pieds et des mains pour « abattre » politiquement son « bienfaiteur », feu Béji Caïd Essebsi qui l’avait sorti du « néant ».
En tout état de cause, en voulant être le « bienfaiteur » d’Elyès Fakhfakh, Youssef Chahed semble soucieux de continuer à « gouverner » en partie et indirectement. Les choses vont-elles se passer ainsi ? Qui vivra verra…
Noureddine HLAOUI