C’est la grogne dans le chant tunisien : le musicien Mohamed Ali Kamoun a du mal à programmer, à financer son spectacle « 24 Parfums en Tunisie » et à trouver des subventions comme l’a précisé sur sa page face book.
« D’abord, le spectacle 24 Parfums est une création orchestrale qui n’a nul besoin aujourd’hui d’aide financière de l’Etat pour tourner, et c’est un grand exploit en lui-même, car les oeuvres orchestrales sont quasi-entièrement subventionnés dans le monde et tout au long de l’histoire de la musique. Nous aurons simplement besoin d’une structure qui adopte le projet et peut faciliter sa logistique, sa distribution… car il ne pourrait continuer à être géré par un musicien. Le spectacle a aujourd’hui un large public et par conséquent de grandes ressources potentielles. Notre public ne se compte pas encore par des centaines de milliers mais il est néanmoins exceptionnel, riche, multicolore, multiculturel, multi-générationnel… beau, de toutes les classes sociales et de toutes les régions d’un pays en totale discorde.
Faute de distribution du spectacle 24 Parfums en Tunisie et à l’étranger, nous artistes des 24 régions du pays sommes entrain d’apercevoir tous les jours, et avec toute l’amertume du monde, toute une chaine de production culturelle financée très cher de l’argent du contribuable, simplement couler. On parle d’années de travail de terrain acharné, d’écriture, puis de répétitions avec les larges ensembles de l’Etat, sans compter les interminables réunions, les efforts de gestion et de communication… tout perd de sens sans agenda de concerts.
Pour remédier à cette situation catastrophique et inexplicable, nous avons proposé un plan stratégique et lucratif à un ou deux producteurs privés, sans réponse. Il va de paire pour le Ministère des Affaires Culturelles, dans une échelle d’économie créative, reposant sur des partenariats publics/privés de fond… sans issus. D’où je me pose la question. Mais avoir des subventions de l’état ne devrait-il pas servir au final le public/consommateur et non le créateur ? Pourquoi si non subventionne-t-on le pain, le lait…. ? Dans le secteur culturel tunisien, l’aide de l’état est synonyme toujours à un acte de charité destiné à des mondains appelés artistes. Car, on finance depuis toujours le produit « culture », mais on ne le vend pas, bien au contraire, il vaut mieux l’enterrer vivant s’il réussit.
Comment peut-on donc avoir la force mentale et physique pour avancer dans un tel système ? Monter de nouveau une chaine de production, des répétitions lourdes et pesantes en orchestre, des demandes de financement ? J’envie Sisyphe »
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