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Rached Ghannouchi face à la fronde menée par Abdellatif El Mekki et Abdelhamid Jelassi…
A l’approche des échéances électorales, notamment celles législatives, le parti islamiste d’Ennahdha enregistre des remous sans précédent.
En effet, réputé comme étant un parti discipliné et solidaire tout en obéissant aux ordres provenant de son chef historique et « charismatique », Rached Ghannouchi, Ennahdha serait sur le point de connaître ses premières sérieuses implosions à cause des divergences, apparues au grand jour, à propos de la constitution des listes pour scrutin législatif.
Précédant par des primaires ayant donné des résultats consacrant, à titre d’exemple, comme têtes de listes, Abdellatif El Mekki à Tunis 1 et Abdelhamid Jelassi à Tunis 2, le « cheikh » aurait eu d’autres visions et approches. Il aurait, « renvoyé » les deux dirigeants suscités, respectivement au Kef et à Nabeul.
En d’autres temps, les deux « élèves » auraient obtempéré sans broncher, les volontés du « cheikh » étant considérées comme étant des ordres sacrés. Mais les choses semblent avoir évolué, voire carrément changé, puisque ni Abdellatif El Mekki, ni Abdelhamid Jelassi n’ont accepté le « diktat » de Rached Ghannouchi qui aurait décidé d’opter pour les législatives et de prendre la tête de la liste de Tunis 1.
Plus encore, piqués dans leur amour propre et considérant la décision du « chef » comme étant contraire aux principes ayant régi les mécanismes et les structures du parti islamistes, Les Jelassi et El Mekki auraient exprimé et annoncé leur décision de ne pas se présenter du tout aux législatives. Ce qui constituerait un coup fatal pour ce parti qui n’est pas habitué à voir son linge sale lavé en public.
D’autre part, les proches du « cheikh » estiment qu’il s’est décidé, en fin de compte, à changer de cap en briguant la députation à l’ARP avec l’espoir d’en prendre, par la suite, la présidence. Mais là encore, faut-il qu’Ennahdha et ses alliés éventuels disposent de la majorité au sein de la prochaine Assemblée, ce qui est loin d’être acquis.
En tout état de cause, Rached Gannouchi semble être inconscient du nouvel état d’esprit régnant parmi les membres de son parti qui viennent de se soulever prouvant qu’ils ne sont plus les « mouton de Panurge » qu’il guidait à sa convenance sans craindre la moindre d’opposition.
Bien entendu, il pourra toujours compter sur les Ali Laârayedh et consorts tels les Rafik Abdessalem et Noureddine Bhir, pour ne citer que ceux-là, mais le mal semble être fait et la fissure serait déjà consommée.
Toutefois, attendons le démarrage du processus électoral et la présentation des listes pour mieux mesurer l’ampleur des éventuelles dissensions au sein du parti islamiste…
Noureddine Hlaoui