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Le secteur en général est en phase descendante et toutes les marques verront leurs chiffres d’affaires en baisse, avec une dégringolade entre 10 et 25%
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Certains segments se portent bien et affichent une bonne résilience alors que d’autres n’arrivent pas à s’en sortir
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Appel à lutter contre l’importation sauvage et à chasser les gens qui font une sous-estimation des produits importés afin de payer moins de taxes
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Les entreprises du secteur qui exportent sur le marché international doivent être agiles et innovantes
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Le secteur du textile et habillement a besoin d’un cadre réglementaire plus adapté et d’une législation plus souple notamment durant les périodes de crise
TUNIS – UNIVERSNEWS (Interview) – Dans son interview accordée, mercredi 28 février 2024, à Universnews, Haïthem Bouagila, Président de la Fédération Tunisienne du Textile et de l’Habillement (FTTH) a déclaré que contrairement aux années dernières, l’année 2024 s’annonce difficile, pour l’ensemble des acteurs et opérateurs économiques de l’industrie du textile et habillement vue la conjoncture internationale et la sédimentation qui en découle. «Notre principal partenaire commercial est l’Union européenne, laquelle se trouve malheureusement, aujourd’hui, dans une crise socio-économique résultant une baisse du pouvoir d’achat et un problème d’un stock trop élevé chez les différentes marques du textile puisqu’elles n’ont pas pu vendre leurs produits », a-t-il assuré.
Et d’ajouter que suite à cette situation, le secteur du textile et habillement en général est en phase descendante et toutes les marques verront leurs chiffres d’affaires en baisse, bien que cette baisse diffère d’une entreprise à l’autre. Cette dégringolade serait comprise entre 10 et 25%.
Il a en outre indiqué que malgré son importance en termes de contribution dans la croissance et l’emploi, le secteur du denim fait face également à plusieurs difficultés suite à une baisse globale des ventes à l’échelle mondiale.
La Tunisie est le seul pays qui n’a pas reculé
Le président de la FTTH a indiqué que pour le cas de la Tunisie, les entreprises du textile et habillement essayent de s’adapter et d’être résilientes à travers la création de nouveaux espaces stratégiques bien que cela ne soit pas toujours évident pour certaines entreprises, selon ses dires. «Cela pourrait être le cas pour certaines entreprises mais pas pour tout le monde», a indiqué Bouagila, faisant remarquer qu’il y a quelques branches qui ont pu tirer leurs épingle du jeu comme le textile technique, le textile médical et paramédical ou encore les vêtements techniques et spéciaux et les uniformes de l’armée.
Haïthem Bouagila a reconnu l’existence d’une certaine complexité dans le secteur : « Certains segments se portent bien et affichent une bonne résilience, alors que d’autres n’arrivent pas à s’en sortir», a précisé Bouagila, faisant toutefois remarquer qu’en dépit de ce contexte d’incertitude et cette ambigüité, le secteur du textile a fait preuve de persévérance. Grace à la diversification de nos produits, la Tunisie est le seul pays, avec un autre pays peut être, qui n’a pas reculé en 2023 alors que tous les principaux pays producteurs du textile et habillement ont reculé y compris, la Chine, Bengladesh et la Turquie.
Lutter contre l’importation sauvage
Interrogé sur les solutions, le président de la FTTH a appelé à déclarer la guerre contre le marché parallèle, la contrebande et tout ce qui est informel : « Cela a un grand impact sur les industriels qui opèrent sur le marché national. Ils provoquent déjà une crise qui devient aussi plus importante avec le marasme économique qui sévit dans le pays depuis déjà un bon nombre d’années et la dégradation sans précédent du pouvoir d’achat des Tunisiens », a-t-il souligné.
Il a également appelé à lutter contre l’importation sauvage et chasser les gens qui font une sous-estimation des produits importés afin de payer moins de taxes. Selon lui, le secteur du textile et de l’habillement fournit, selon les chiffres actualisés environ 160 mille emplois, 3 milliards d’euros en valeur d’exportation et 1600 entreprises, dont 85% sont entièrement exportatrices et 15% actives sur le marché local.
Outre ce travail qui devrait être fait au niveau du marché local, Bouagila a exhorté les entreprises du secteur qui exportent sur le marché international à être agiles et innovantes.
Appel à changer le cadre réglementaire.
Ainsi, a-t-il dit, le secteur du textile et habillement a besoin d’un cadre réglementaire plus adapté et d’une législation plus souple notamment durant les périodes de crise : « Durant les crises, les entreprises qui sont généralement des PME et TPE revendiquent très souvent quelques solutions pour se relancer et pouvoir continuer leurs activités, et là une souplesse au niveau du payement des cotisations sociales et un accès plus facile aux financements bancaires devrait être au rendez-vous surtout pour ce type d’entreprises », a-t-il encre dit.
Et d’enchainer en citant comme exemple le secteur du denim : « Un simple rééchelonnement de la charge sociale sera perçu comme une bouffée d’oxygène leurs permettant de retrouver de nouveau leur rythme », a indiqué Haïthem Bouagila, avant d’appeler à changer les mentalités et travailler en partenariat entre secteurs public et privé et établissements financiers afin de pouvoir changer la donne et sauver un secteur de grande importance pour le pays, selon ses dires.