L’Etat tunisien risque de s’écrouler et il est urgent de sauver ce qui peut encore être sauvé dans les plus brefs délais, a prévenu le président de l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises (IACE), Taieb Bayahi, soulignant que « la conjoncture économique actuelle ne nous permet pas de perdre encore du temps ».
«Le Forum Economique International définit l’effondrement d’un Etat par son incapacité à mettre en œuvre sa politique et à imposer sa loi, ce qui est actuellement le cas en Tunisie qui vit une conjoncture difficile depuis 2011 », a déclaré le président de l’IACE dans un entretien accordé à la TAP.
«Dans un rapport publié, ce mois-ci, le forum avait classé, la Tunisie parmi les cinq pays qui sont menacés par le spectre de l’effondrement de l’Etat; à l’instar du Liban, du Venezuela, du Nicaragua et du Pérou », a-t-il encore indiqué, ajoutant que « tous les indicateurs montrent que l’économie nationale est en train d’agoniser ».
D’après ce même rapport, la Tunisie fera face d’ici les deux prochaines années à de multiples risques, dont l’effondrement de l’Etat, l’endettement, le chômage, la poursuite de la stagnation économique et la prolifération de l’activité économique informelle.
Pour prévenir ce risque, Bayahi a préconisé de mettre en place une constitution sociale et économique car les contraintes financières et les besoins économiques urgents ne peuvent pas attendre l’élaboration d’une feuille de route politique et l’instauration d’un nouveau régime politique.
Selon lui, cette constitution doit dépasser la définition d’un contrat social et consacrer une vision économique et des choix qui font l’objet de consensus, soulignant que toutes les institutions devront être appelées à mettre en œuvre cette constitution.
Une feuille de route pour mobiliser des ressources financières
Bayahi a révélé que l’Institut publiera, prochainement, une feuille de route politique qui s’articulera autour de trois axes. Le premier axe prévoit la nécessité de trouver un consensus national autour des réformes à mettre en place afin de pouvoir engager des négociations avec le Fonds Monétaire National (FMI). Cela permettrait à la Tunisie une sortie sur le marché international, estime le responsable.
Ce consensus, a-t-il préconisé, doit être trouvé dans les six premiers mois de 2022.
Pour ce qui est du deuxième axe, a-t-il indiqué, il met l’accent sur l’impératif de ne laisser en aucun cas le volet politique prendre le dessus sur celui économique.
S’agissant du troisième axe, il souligne l’importance de surmonter les conflits politiques et de trouver une nouvelle stratégie pour garantir l’unité nationale et consacrer la transition politique.