- Le nouveau maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu applaudi par ses partisans
- Ekrem Imamoglu triomphe face au poulain d’Erdogan à Istanbul
L’ancien premier ministre Binali Yildirim, candidat de l’AKP à la Mairie de la plus grande ville turque, a échoué face à l’opposant Ekrem Imamoglu, que peu de Stambouliotes connaissaient il y a six mois. Selon des résultats non officiels, alors que la quasi-totalité des bulletins avaient été dépouillés dimanche, ce dernier l’emportait avec 54 % des suffrages, contre 45,1 % pour son rival.
«C’est une nouvelle page, un nouveau début pour Istanbul, a lancé Ekrem Imamoglu à l’annonce des résultats. Toute la Turquie a gagné et bientôt, croyez-moi, tout le monde le ressentira», a promis l’opposant, dans un message aux électeurs du parti au pouvoir et à son candidat, Binali Yildirim, qui venait de le féliciter depuis le siège stambouliote de l’AKP. Recep Tayyip Erdogan lui a emboîté le pas, saluant laconiquement «la manifestation de la volonté nationale».
Pour le parti du président, la défaite est d’autant plus dure que c’est la deuxième en deux mois. Arguant d’irrégularités, Recep Tayyip Erdogan avait pesé de tout son poids pour obtenir un nouveau vote, qu’il comptait bien gagner. Ce fut une erreur tactique, peut-être la plus lourde de sa carrière politique. Non seulement l’AKP a perdu, mais l’écart s’est considérablement creusé entre les deux scrutins. Ekrem Imamoglu triomphe, cette fois-ci, avec plus de 770.000 voix d’avance.
Le taux de participation (84 %) est resté inchangé. Le pouvoir a échoué à mobiliser ses électeurs, notamment ceux de la classe moyenne qui votaient AKP, moins par idéologie que par intérêt économique, et qui ont vu leur pouvoir d’achat chuter ces dernières années.
De son côté, Ekrem Imamoglu a bénéficié du retrait de quelques petits candidats de la gauche et du centre, et du sentiment d’injustice qu’avait suscité l’invalidation de sa première victoire.
Ekrem Imamoglu a donc bénéficié d’une dynamique anti-AKP. Il doit sa conquête d’Istanbul au renfort d’électeurs qui ont au moins autant voté pour lui qu’ils ont voté contre Recep Tayyip Erdogan et son régime hyper-présidentiel.