Après les « comme a dit le chef du gouvernement…» et les « raïs el houkouma a dit… », voilà qu’on réinvente le terme des « directives » si détestable par les Tunisiennes et les Tunisiens parce qu’il rappelle une époque qu’on croyait révolue où tout se faisait « sur instructions » du chef unique.
La ministre de la Santé par intérim, Sonia Ben Cheikh, probablement dans un souci de se voir confirmer dans son poste provisoire, a annoncé solennellement lors d’une conférence de presse dominicale, que sur « directives de si Youssef Chahed, d’ici un mois maximum, les bébés décédés ne seront plus livrés à leurs parents dans un carton ».
Ensuite et suite au tollé général soulevé par le badigeonnage en gris des murs du viaduc de l’Avenue de la République faisant disparaître les dessins et autres fresques d’artistes, ces mêmes murs ont été égayé, de nouveau, par d’autres dessins… « sur directives du chef du gouvernement… ».
L’initiative « Ahmini » en faveur de près de 500 mille femmes rurales a été prise sur directives du chef du gouvernement qu’il a, lui-même, annoncée.
Enfin et pas plus tard qu’aujourd’hui lundi 18 mars 2019, « le chef du gouvernement Youssef Chahed a attribué (accordé, selon le terme utilisé par d’autres médias) le prix national pour la promotion de l’artisanat et du patrimoine… ».
Outre l’info, on signale l’existence au site de la présidence du gouvernement de toute une galerie de photos mettant en relief le chef du gouvernement entouré du ministre du Tourisme et de l’Artisanat et des artisans lauréats, heureux et souriant, mais aussi et surtout une vidéo, calquée sur le modèle de celles diffusées, généralement, sur le site de la présidence de la République pour relayer les activités de Béji Caïd Essebsi.
Il est important de s’interroger, ici, sur les critères et les modalités suivis pour l’octroi de ces Prix qui, logiquement, devraient être décernés par un jury composé d’experts en la matière ?!…
Ce retour au culte de la personnalité dans la mesure où tout est ramené au mérite d’une seule personne n’augure rien de bon surtout si l’on sait que cette personne fait tout pour être choisie en vue de veiller sur la destinée de la patrie selon ses proches.
Bon à rappeler que ce culte a été initié par le trio composé de Walid Jalled, Leïla Chettaoui et Sahbi Ben Fraj avant d’être relayé par les Iyad Dahmani qui, à chaque intervention médiatique répète le terme de « raïs el houkouma », plus d’une dizaine de fois, Mehdi Ben Gharbia et Salim Azzabi. Pourtant, tout le mérite du rassemblement de la nouvelle Coalitition nationale, noyau de ce qu’on a appelé par la suite, « tahya tounès », revient à Mustapha Ben Ahmed, rélégué au second plan, et que, curieusement, on ne voit plus …
Et pour terminer, il est intéressant de relever l’émergence d’un très grand nombre de posts publiés sur Facebook par des citoyens communs et par des personnalités dont certains appartenant au paysage politique et médiatique, pour tourner en dérision ce retour aux « directives »
Mais, la palme en la matière revient, incontestablement, à Haythem El Mekki qui a excellé, dans sa « Une » de Midi Show d’aujourd’hui lundi 18 mars 2019 pour faire une satire de très haute facture de ces « taâlimet ». Et comme les meilleurs qualificatifs ne peuvent en rendre le vrai esprit et le caractère succulent de cette satire, le mieux serait d’écouter cette « Une » sur le poadcast du site web de la radio.