
- Absence d’une maîtrise des coûts, entrainant ainsi une hausse de 5,8% sur les frais du personnel et une incapacité à capter de nouvelles opportunités de croissance
- L’augmentation des coûts d’exploitation reflète une stagnation inquiétante des commissions bancaires (+1,2%) et une forte pression sur les marges d’intérêt
- Les charges d’exploitation ont augmenté beaucoup plus rapidement alors que le PNB n’a progressé que de 3,5%, impactant directement le bénéfice net
- Détérioration de la qualité du portefeuille de crédit, mettant en évidence une prise de risques excessive et une gestion déficiente des engagements
- 1.320MDT de crédits touchés par la réduction des taux d’intérêt ….
TUNIS – UNIVERSNEWS La situation au sein de l’UIB ne rassure plus ! La Banque n’est plus comme avant. Son bilan financier au titre de l’année 2024 est sombre et tous ses indicateurs virent au rouge mettant en péril sa rentabilité. L’absence de stratégie, de vision claire et d’une bonne gestion a lourdement pénalisé la banque et met en péril la rentabilité future de cet établissement financier.
L’exercice 2024 a été marqué par l’explosion des provisions pour créances douteuses de 47,1%, l’effondrement de la rentabilité de 32,3%, mais aussi par l’absence d’une maîtrise des coûts, entrainant ainsi une hausse de 5,8% sur les frais du personnel et une incapacité à capter de nouvelles opportunités de croissance (+3,5% seulement pour le PNB).
L’année 2024 a été également marquée par une croissance molle. Le PNB n’a progressé que 3,5%, atteignant 537 Millions de dinars contre 519 Millions de dinars en 2023, reflétant ainsi l’incapacité de l’UIB à gérer des revenus en adéquation avec l’augmentation des coûts d’exploitation. Cette situation reflète également une stagnation inquiétante des commissions bancaires (+1,2%) et une forte pression sur les marges d’intérêt, pénalisées par la montée des taux d’intérêt qui alourdit le coût du refinancement.
Chute drastique du résultat net
La chute vertigineuse du résultat net de la Banque suscite énormément d’inquiétudes et pose plusieurs interrogations quant à son développement futur. La baisse est très forte et elle est de l’ordre de 32,3% et c’est plutôt le résultat d’une dégradation majeure de ses principaux fondamentaux financiers.
Quatre facteurs sont derrière cette dégringolade. Le premier est en rapport avec l’explosion des provisions pour créances douteuses. En effet, les dotations aux provisions ont bondi de 47,1%, atteignant 71,171 Millions de dinars contre 48,372 Millions de dinars en 2023. Cette hausse qui est presque de moitié provient essentiellement de l’augmentation des défauts de paiement des clients.
Le deuxième concerne plutôt l’érosion des marges d’intérêt, de point de vue que la hausse du coût des fonds et la difficulté à répercuter les taux d’intérêts sur les prêts ont comprimé les marges d’intérêt bien qu’il s’agit de la principale source de revenus pour la banque.
Le déficit de maîtrise des charges est un autre facteur qui n’est pas moins important que les autres. En effet, les charges d’exploitation ont augmenté beaucoup plus rapidement alors que le PNB n’a progressé que de 3,5%, une croissance trop faible pour compenser l’augmentation des charges et impactant directement son bénéfice net.
Le dernier facteur qui a fait de l’UIB une banque à risque est la faible diversification des revenus. En effet, la banque reste trop dépendante de son activité traditionnelle de crédit, ce qui la rend vulnérable à tout ralentissement de la demande.
La dérive des charges d’exploitation
Les anomalies de l’UIB résident aussi dans les charges d’exploitation qui ont poursuivi une dérive vers une hausse généralisée qui s’explique principalement par la hausse des charges du personnel de 5,8%, dépassant de loin la croissance du PNB, mais aussi l’augmentation alarmante des charges générales d’exploitation de 4,7% pour s’établir à 60,828 Millions de dinars. Cette situation met en lumière un manque de vigilance et une gestion laxiste des risques, qui pourraient avoir des répercussions dramatiques si la tendance n’est pas rapidement inversée.
L’autre constat alarmant est la détérioration de la qualité du portefeuille de crédit, mettant en évidence une prise de risques excessive et une gestion déficiente des engagements. Plusieurs éléments attestent d’ailleurs de cette dérive inquiétante, à savoir l’augmentation des créances douteuses, l’exposition excessive à des secteurs vulnérables et le faible taux de recouvrement.
Mis à part l’explosion des provisions pour créances douteuses et l’évolution timide du PNB, l’UIB semble être aussi incapable d’améliorer son efficacité opérationnelle pour maximiser la rentabilité de ses actifs. L’évolution des actifs, bien qu’elle est positive, elle cache un affaiblissement des fondamentaux. De même, le ratio de rentabilité des capitaux propres a diminué de manière inquiétante, illustrant la perte de confiance des investisseurs.
Ainsi, l’effondrement du résultat net impacte directement les actionnaires et fait en sorte que le résultat par action chute de 32,3%, passant de 3,664 MDT en 2023 à 2,48 MDT en 2024. Cette baisse rend l’action de la Banque bien moins attractive et menace son accès aux financements sur les marchés. Si cette tendance se poursuit, l’établissement pourrait rapidement se retrouver dans une situation critique nécessitant une recapitalisation.
Explosion des engagements
L’explosion des engagements met en lumière un manque de vigilance et une gestion laxiste des risques, qui pourraient avoir des répercussions dramatiques si la tendance n’est pas rapidement inversée. En effet, les engagements hors bilan au titre de l’année 2024, ont augmenté de 4,8%, atteignant 980,736 MDT contre 936,177 MDT en 2023. Ces engagements, souvent sous-estimés dans les analyses financières, représentent un risque majeur et pourraient aggraver davantage la situation au sein de la Banque.
S’agissant de la loi n° 41-2024 obligeant les banques à réduire les taux d’intérêt fixes, l’UIB est particulièrement concernée, avec 1 310 MDT de crédits touchés par cette mesure. Sans une adaptation rapide de sa politique financière, ses marges risquent de continuer à se dégrader. Face à cette situation, la Banque devra donc anticiper l’érosion progressive de ses marges et adapter sa politique commerciale et financière pour absorber cet impact significatif.
Des mesures de restructuration urgentes s’imposent, sinon la Banque risque d’être contrainte à des choix drastiques.