TUNIS – UNIVERSNEWS – «On peut s’habiller dans toutes les matières, aussi invraisemblables soient-elles. Lorsque nous serons vingt milliards d’individus sur terre, il n’y aura plus de laine, plus de coton, il n’y aura plus rien ! il ne restera plus que les choses de la minière et nos ordures à recycler pour pouvoir faire des vêtements».
Paco Rabanne -Artiste basque
Le ramassage des bouteilles en plastique vides (Barbachas, comme on les appelle communément) est devenu depuis que cette ’profession’ a vu le jour, une source de revenus, non négligeable pour bon nombre de familles démunies.
Ils sont des deux sexes et de tous les âges qui se lèvent très tôt pour passer la journée à ramasser le maximum de ce genre de bouteilles qu’ils mettent dans de grands sacs en plastique. L’objectif est de parvenir chacun-e à récupérer quotidiennement plus d’une dizaine de kilogrammes de bouteilles vides avant de les vendre à 0,600 dinar le kilogramme, aux recycleurs potentiels.
Qui se réveillera le premier ?
« Pour parvenir à ramasser le plus grand nombre de bouteilles plastiques, je dois me réveiller tôt. C’est-à-dire, avant l’arrivée des camions à bennes de la municipalité, qui ramassent tout sur leur passage. Je conduis quotidiennement un chariot de fortune sur une distance qui dépasse souvent les six kilomètres carrés pour ramasser ces bouteilles, dans les venelles et dans les grandes rues avant de les mettre dans de grands sacs et de les vendre aux recycleurs » Dit Salah I, un septuagénaire, qui a opté pour ce travail, il y a plus de vingt ans, afin de ne pas tendre la main pour demander l’aumône et répondre ainsi aux besoins de sa famille.
Mahbouba R, la soixantaine, veuve depuis plus de dix ans et mère de deux filles dont l’ainée est une handicapée motrice, ne craint ni la chaleur suffocante de l’été, ni le froid glacial de l’hiver, ni les bandits de grands chemins. Elle a perdu toutes ses dents sous l’effet du vieillissement pour veiller à la santé de sa fille malade, et subvenir aux besoins scolaires de l’autre, qui poursuit ses études secondaires dans un lycée de la ville. : « Je n’aime pas rester à la maison, et je continue de travailler honorablement, de ramasser les bouteilles plastiques et de gagner de l’argent pour parvenir un jour à acheter une chaise roulante à ma fille, et planter une nouvelle prothèse dentaire pour retrouver mon sourire , toujours caché derrière mon foulard », rétorque-t-elle en souriant.
Un « travail » au service de la société
Quant à Fathi B., ouvrier au chômage, il conduit, chaque jour, une charrette tiré par un vieux mulet docile pour récupérer au passage tous les détritus, qu’il croise, à savoir des canettes de boissons alcoolisées et gazeuses, des bouteilles plastiques vides, des produits d’emballage en carton, de vieux éviers et lavabos de cuvettes de WC, abandonnés. : « Et je compte acheter un tricycle pour améliorer les conditions de mon travail, celles de ma famille et celles de l’environnement qui m’entoure ! » dit-il.
Cette catégorie sociale peu pourvue qui participe à la lutte contre la pollution et notamment la pollution pastique qui existe partout dans nos contrées mérite vraiment qu’on s’occupe davantage d’elle.
N. K.