TUNIS – UNIVERSNEWS Face aux chiffres, il est impossible de se voiler la face, pour ne pas voir la réalité frappante et éclatante… et, cela est une vérité incontestable, surtout comme les chiffres de la honte dévoilés par le recensement réalisés, ces derniers temps… en faisant apparaitre qu’au cours des dernières années, en commençant par l’ère Zine El Abidine Ben Ali et jusqu’à la période post-universitaire, les vieux démons ont repris possession de la Tunisie.
La pensée rétrograde a pris les devants, en s’établissant comme règle de conduite générale… le régionalisme et le tribalisme, ainsi que la « arouchia » sont retournés en force et cela se reflète, même dans le sport et le favoritisme dans les nominations aux postes de responsabilités. Mais, ce qui est pire, c’est que la « nouvelle Tunisie » est celle de l’obscurantisme, de l’accentuation du déséquilibre régional, du vieillissement et de l’analphabétisme… avec un recul trop inquiétant du patriotisme et de la valeur du travail.
Les résultats préliminaires du recensement national de la population et de l’habitat ont sonné l’alarme stratégique. C’est parce que les chiffres ne fournissent pas seulement des indicateurs circonstanciels sur certains secteurs ou régions, mais ils présentent plutôt des messages qui ne peuvent être ignorés car ce sont des messages « choquants » à tous les égards, car ils représentent une vision effrayante à plus d’un titre de l’avenir.
Une triptyque « effrayante » qui peut être considérée comme un « tueur silencieux » du futur, et dont les composantes sont le vieillissement de la population, le déséquilibre régional et l’analphabétisme. La trinité ne représente pas un destin fatal, surtout que ce n’est que le résultat de politiques, dont les effets négatifs peuvent donc être limités par des politiques et des plans qui permettent d’y faire face.
Il ne fait aucun doute que l’accumulation de la mauvaise gestion de ces dossiers au cours des décennies, et à des rythmes différents, nous a conduit à cette situation, mais la certitude est que le 14 janvier 2011 a aggravé la crise et fait pencher davantage les indicateurs vers la zone noire. Un taux d’analphabétisme de près de vingt pour cent de la population après plus de soixante-dix ans d’indépendance est, à tous égards, un véritable scandale national d’autant plus que les paris sur l’avenir du monde sont liés à la connaissance, à la maîtrise de l’information, aux langues et à l’intelligence artificielle.
Ces défis renvoient au vieillissement de la population en relation avec la capacité à de la régénérer pour s’appuyer notamment sur les jeunes et leur formation. Cependant, la société tunisienne est actuellement une société qui repousse les jeunes, ce qui se manifeste notamment par la migration des «cerveaux» et le malvivre des jeunes, avec ce que cela signifie en termes de privation de la société tunisienne des énergies et des compétences capables de la développer et de la moderniser.
Le déséquilibre entre les régions est le «nœud central» du développement de la Tunisie depuis l’indépendance et la cause de tous les bouleversements sociaux qu’elle a connus. Mais, au-delà des répercussions possibles du déséquilibre entre les régions, il existe d’autres enjeux et risques liés au changement climatique et aux risques d’épuisement des ressources naturelles. Ce sont des risques qui ouvrent la porte à la croissance des tensions et des confrontations, que ce soit au sein de la société tunisienne ou aux niveaux régional et international.
Remettre la Tunisie sur les rails du développement est une entreprise titanesque, face à certaines réticences et à un chemin semé d’embuches, dans une conjoncture internationale qui exploite le moindre de vos faux pas pour vous mettre à genoux. Le jeu du « printemps arabe » n’a pas pris, chez nous… mais, faut-il encore, maintenant, œuvrer la main dans la main, en accordant à chaque citoyen, à chaque secteur et à chaque région, l’intérêt qu’ils méritent… et un sursaut d’orgueil est nécessaire !!!
Mustapha MACHAT
