TUNIS – UNIVERSNEWS Durant 2023, l’activité de la collecte a été bien résiliente pour les banques cotées. Bien qu’en décélération comparativement à 2022, l’encours des dépôts agrégé du secteur bancaire coté s’est hissé de 6,9% à 91 milliards de dinars. Cette bonne performance intervient, concomitamment avec la politique de réduction du nombre d’agences bancaires entamée par les banques depuis 2021. C’est ce qui ressort d’une étude publié le 16 décembre dernier par Tunisie Valeurs.
Wifak Bank : L’encours des dépôts s’envole de 20,8%
La meilleure performance de l’année est revenue à Wifak International Bank. L’unique banque islamique de la cote a vu son encours des dépôts s’envoler de 20,8% à seulement 903,8 MDt. Ayant vécu la transformation d’une société de leasing en une banque universelle et ayant subi les contraintes financières imposées aux banques islamiques telles que l’impossibilité d’accéder au marché obligataire, au marché financier et à une ligne de financement extérieure, Wifak Bank a saisi l’opportunité d’innover en proposant une alternative à ses clients et prospects. L’année 2023 a été également marquée par la poursuite des efforts de densification du réseau pour la banque islamique avec l’ouverture de deux nouveaux points de vente.
BTE : Evolution considérable des dépôts à vue
Après la performance terne de l’année 2022, l’activité de collecte retrouve une vigueur nouvelle pour la BTE. L’encours des dépôts de l’ancienne banque de développement s’est apprécié de 10,1% à 973,7 MDt. Longtemps pénalisée par son coût des ressources élevé comparativement à la concurrence cotée, la banque à capitaux tuniso-émiratis a misé sur la collecte des dépôts à vue en 2023. Et le bilan de l’année écoulée s’est avéré concluant pour la banque qui a réussi à faire hisser ses dépôts à vue de 24,1% à 213,9 MDt, portant ainsi la contribution de ces ressources faiblement rémunérées dans le total des dépôts à 22% à fin 2023. À noter que cette progression des dépôts à vue de la BTE est la plus élevée à l’échelle du secteur bancaire coté. Selon le business plan de l’augmentation de capital en numéraire réalisée en 2024, un objectif de croissance annuelle moyenne d’environ 6,6% des dépôts et avoirs des clients est prévu pour la période 2024-2028, dans le but de collecter un total de 514 MDt. Par ailleurs, une nouvelle agence sera ouverte chaque année, pour atteindre 36 agences d’ici la fin de l’exercice 2028.
Amen Bank, 2ème exposition la plus élevée aux dépôts à terme
Dans la continuité de 2022, l’activité de captation des ressources continue à avoir le vent en poupe pour Amen Bank. L’encours des dépôts du bras financier du groupe PGI a inscrit une hausse de 9,1%, atteignant 7,6 milliards de dinars. La bonne dynamique de la collecte est surtout redevable à la vigueur des dépôts à terme (+15,3% à 3,3 milliards de dinars) et à la bonne évolution des dépôts d’épargne (+7,3% à 2,4 milliards de dinars). Les dépôts à vue ont, quant à eux, affiché une croissance timide de 2% à 1,9 milliard de dinars. À noter que la banque privée affiche la deuxième exposition la plus élevée aux dépôts à terme à l’échelle du secteur bancaire coté (42,9% à fin 2023 contre une moyenne sectorielle de 32,2%). Le contexte haussier des taux qui a prévalu en 2023 et l’orientation des efforts de collecte vers les ressources onéreuses, les dépôts à terme, ont tiré vers le haut le coût des ressources de la banque. Ce dernier a enregistré une avancée de 90 pbs à 6,5%, selon nos estimations en 2023, et continue, de ce fait, de se comparer défavorablement à la concurrence cotée. La banque continue à faire pression à la baisse sur la part des institutionnels dans l’ensemble des dépôts. Cette dernière est revenue à 6% en 2023 contre 10% deux années plus tôt
La BT continue sur sa lancée
Confortée par une bonne collecte, la BT continue sur sa lancée commerciale entamée en 2022. La banque privée a vu son encours des crédits rebondir vigoureusement de 10% à 5,8 milliards de dinars. La croissance soutenue des crédits en 2023 a rejailli sur le ratio de transformation réglementaire de la banque (Crédits/Dépôts). Ce dernier s’est élargi de 4,9 % à 109,4%, mais il demeure parmi les plus faibles en Tunisie. Au cours de l’exercice 2023, la BT a poursuivi son programme de réorganisation de ses fonctions et structures pour les rendre plus efficaces et se préparer à la réalisation des objectifs de développement envisagés au cours des prochains exercices. La BT a engagé une réflexion sur la stratégie de développement à adopter par la banque pour assurer sa croissance et atteindre une part de marché plus significative. Cette réflexion est en cours et la banque se fait assister par son actionnaire de référence et un cabinet d’expertise externe.
L’année 2023 s’est avérée concluante pour la BT au rayon de la génération du PNB. Les revenus nets de la banque ont continué à avoir le vent en poupe, reportant une solide croissance de 12,8% à 478 MDt. Toutes les sources de revenus de la banque ont été bien orientées sur l’année écoulée.
Attijari Bank : une marge de manœuvre considérable
À un rythme moins soutenu que la collecte, Attijari Bank a affiché une bonne croissance de son encours des crédits. Les engagements de la banque ont crû de 5,5%, dépassant le cap symbolique de 7 milliards de dinars. Les bonnes performances en ce qui touche l’activité de mobilisation des ressources ont valu à la banque d’améliorer son ratio de transformation de 1,3% à 69%. Ce niveau, parmi les plus bas du secteur bancaire coté, confère à la banque une marge de manœuvre considérable pour revigorer sa croissance dès les premiers signes de reprise économique.
À contre-courant de la tendance sectorielle, l’année 2023 s’est placée sous le signe de l’accélération de la croissance de la génération du PNB pour Attijari Bank (+12,1%). La banque a bénéficié de la bonne orientation de toutes ses catégories de revenus. La marge d’intérêt a été bien entendu le catalyseur de cette croissance, vu son poids dans le PNB (52,7% du PNB en 2023) et la structure favorable des ressources de la banque à la hausse des taux. La marge d’intérêt s’est envolée de 17,8% à 339,8 MDt. Les commissions se sont bien comportées, également, en 2023, inscrivant une hausse de 3,7% à 129,4 MDt et reflétant la bonne réactivité commerciale de la banque.
Croissance solide de la marge d’intérêt
L’ATB est parvenue à enregistrer une croissance du PNB supérieure à 10% pour la troisième année de suite. Le tournant vers un modèle bancaire classique se confirme année après année pour la filiale du groupe Arab Bank. En effet, c’est la marge d’intérêt qui a sauvé l’année (+35,6% à 180,9 MDt, soit la hausse la plus élevée à l’échelle du secteur bancaire coté) face à la baisse des commissions (-0,2% à 75,6 MDt) et des autres revenus (-8,7% à 100,8 MDt), autrefois principal centre de profit pour la banque. À noter que la croissance solide de la marge d’intérêt a été réalisée dans un contexte de volumes baissiers (-1,4% à 5,4 milliards de dinars pour l’encours des crédits) ce qui reflète une optimisation du spread d’intérêt; une optimisation qu’on retrouve dans l’évolution du spread d’intérêt apparent moyen de la banque (+54 pbs à 3,6%, selon nos estimations).
Nouveau départ commercial pour l’UBCI
Il semble que le changement du tour de table de l’ancienne filiale du groupe BNP PARIBAS avec l’entrée d’un nouvel actionnaire de référence tunisien, le groupe CARTE (en 2021) ait déclenché un nouveau départ commercial pour l’UBCI. Bien qu’il soit en décélération par rapport en 2022, l’encours des crédits de la banque a crû à un rythme supérieur à celui de la concurrence cotée (une hausse du volume des engagements de l’UBCI de 5,1% à 3 milliards de dinars). Le ratio de transformation réglementaire (Crédits/Dépôts) a diminué de 2,1 % en 2023 à 111% et préserve une marge de 9 % par rapport à la limite réglementaire (de 120%).