- La Tunisie est confrontée au double défi de sauver des vies et d’assurer les moyens de subsistance pour la population
- Impératif de réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs et d’engager un plan de réforme «crédible et clair» pour régler la question de la dette publique
Les finances publiques de la Tunisie vont très mal. C’est le Fonds Monétaire International (FMI) qui, une fois encore fait ce constat douloureux. L’institution internationale a, entre-autres, pointé du doigt la masse salariale imposante du secteur public qui pèse lourdement sur le budget de l’État et représente 77,5% des dépenses de fonctionnement de l’État, soient 15,8 milliards de dinars.
Dans ce même contexte, l’institution internationale a indiqué que le déficit budgétaire devrait atteindre 11,5% du PIB en 2020, ce qui est une première depuis 40 ans en Tunisie.
D’ailleurs, le FMI a appelé, vendredi 22 janvier 2021, les autorités tunisiennes à prioriser les dépenses de santé et de protection sociale, tout en contrôlant la masse salariale, les subventions énergétiques mal ciblées et les transferts aux entreprises publiques, faute de quoi, le pays pourrait accuser un déficit budgétaire de plus de 9% du PIB.
Cet appel intervient à l’issue d’une mission à distance menée, du 9 au 18 décembre 2020 et du 4 au 13 janvier 2021, par une équipe du FMI, dans le cadre de la consultation de 2020 au titre de l’article IV avec la Tunisie.
D’après, Chris Geiregat, qui conduisait l’équipe de cette mission, le FMI et les autorités tunisiennes ont convenu que le pays est actuellement confronté au double défi de sauver des vies et d’assurer les moyens de subsistance pour la population, jusqu’au fléchissement de la pandémie du Covid-19. Alors que les effets de cette pandémie commencent à diminuer, les services du FMI s’attendent à ce que la croissance du PIB rebondisse à 3,8% en 2021.
Outre les défis liés à la pandémie, le FMI a mis l’accent sur l’impératif de réduire les déséquilibres budgétaires et extérieurs et d’engager un plan de réforme «crédible et clair» pour régler la question de la dette publique. Ce plan doit bénéficier d’un large consensus, insiste Chris Geiregat, soulignant qu’un tel «pacte social» est de nature à couvrir la masse salariale de la fonction publique, « actuellement parmi les plus élevées au monde ».
Ce pacte pourrait apporter une réponse au rôle des entreprises publiques dans l’économie, faciliter la mise en œuvre des réformes de lutte contre la corruption et d’amélioration du climat des affaires, instaurer une équité fiscale et lutter contre le secteur informel.
Les services du FMI ont, en outre, encouragé les autorités tunisiennes à adopter un plan de réforme à moyen terme qui permet de classer les entreprises publiques selon leur viabilité financière, leur importance stratégique et la nature de leurs activités, outre à renforcer leur gouvernance et améliorer leur transparence.
Sur un autre volet, le Fonds a exhorté le gouvernement à éviter de recourir au financement interne, car il risque d’annuler les gains réalisés en termes de réduction de l’inflation, d’affaiblir le taux de change et les réserves en devises internationales et miner la stabilité financière. «La politique monétaire devrait continuer à se concentrer sur l’inflation en orientant les taux directeurs, tout en préservant une flexibilité bilatérale du taux de change », souligne Chris Geiregat, appelant la Banque Centrale de Tunisie (BCT) à surveiller de près le secteur financier, face à la pandémie dont les impacts n’ont pas été observés.