TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Le phénomène commence à être visible, des laboratoires français, apparemment traumatisés encore par les perturbations des chaînes d’approvisionnement que le vieux continent a connu, lors de la période de la pandémie du corona virus Covid 19 ont tendance, depuis quelque temps, à relocaliser leurs usines soit en Europe soit dans des sites de proximité, particulièrement, au sud de la méditerranée.
C’est un signe de démondialisation et de relocalisation de l’industrie pharmaceutique française et européenne dans des sites de nearshoring.
Objectifs : la sécurité d’approvisionnement et la rentabilité.
Cette année, la Tunisie, site de proximité par excellence (2 heures de vol pour Paris) a été choisie par de nombreux laboratoires français pour se relocaliser. Deux exemples récents méritent qu’on s’y attarde.
Le 26 septembre, le laboratoire Mayoly, laboratoire français, familial et indépendant vient d’ouvrir une nouvelle filiale en Tunisie.
Pour Mayoly la Tunisie est un site stratégique
Spécialisé dans les traitements de gastroentérologie, rhumatologie, ORL et médecine générale, le laboratoire pharmaceutique et dermatologique français se positionne comme un acteur-clé dans le secteur de la santé.
Le laboratoire français Mayoly dont le savoir-faire et l’excellence sont reconnus depuis plus de 100 ans, a à son actif 21 filiales à travers le monde et plus de 2.200 collaborateurs.
Officiellement, la filiale de Mayoly en Tunisie, vient renforcer la présence du laboratoire en Afrique du nord et vise à répondre aux besoins croissants du marché tunisien tout en contribuant au développement du secteur pharmaceutique local.
Selon les observateurs de cette relocalisation dont les experts économiques de l’ambassade de France en Tunisie, « la Tunisie est un pays stratégique pour le groupe Mayoly qui n’avait, jusqu’ici, qu’une filiale en Algérie »
Les laboratoires Théa français sont déjà opérationnels
Le deuxième investissement est à l’actif des laboratoires français Théa, spécialisés dans la recherche, le développement et la commercialisation de produits ophtalmologiques. Ces laboratoires ont inauguré, le 16 mai 2024, à Gammarth (banlieue nord de Tunis) une nouvelle filiale en Tunisie.
La création de la filiale du groupe a été accompagnée par Business France, structure qui accompagne les entreprises françaises à l’international et les entreprises étrangères pour leur investissement en France. Cet accompagnement prouve que le gouvernement français encourage la relocalisation au sud de la Méditerranée.
Par-delà ces éclairages, les laboratoires Mayoly et Théa viennent rejoindre de nombreuses entreprises françaises présentes dans le secteur de l’industrie pharmaceutique en Tunisie. Il s’agit entre autres de Sanofi, Pierre Fabre, ou encore Servier dans le pharmaceutique et ER2i, Sofrecom, GE Healthcare dans l’ingénierie médicale.
Par ailleurs, la France participe financièrement au développement du secteur de l’e-santé (AFD), à la construction du nouvel hôpital régional multidisciplinaire de Gafsa (au titre du mécanisme de conversion de dettes) et à la modernisation de l’offre de soins du gouvernorat de Sidi Bouzid (AFD).
Et pour ne rien oublier un mot sur l’industrie pharmaceutique tunisienne. Cette dernière employait, jusqu’à 2019, près de 9 000 personnes et comportait 57 unités de production de médicaments (dont 35 unités de médicaments à usage humain), un quart d’entre elle étant dédiées à l’export. La production locale de produits pharmaceutiques couvrait 53 % des besoins du marché local en 2018. Par ailleurs, le secteur pharmaceutique tunisien s’oriente progressivement à l’export et les dispositifs médicaux sont considérés comme l’un des avantages comparatifs du pays. (Krimi Khemaies)