Interviewé par Universnews, en marge de la table ronde organisée par l’Association Tunisienne pour le Développement des Pêches Artisanales en Tunisie, le Président de la Chambre Nationale des Exportateurs des Produits de la Mer, Trad Mohamed Abed revient sur la situation actuelle que traverse le secteur.
Quels sont les problèmes de la pêche maritime en Tunisie ?
La communauté des pêcheurs artisans en Tunisie s’enfonce de plus en plus dans la précarité malgré l’importance de la filière de la pêche côtière qui contribue fortement à la production maritime nationale.
Le secteur souffre, également, de plusieurs lacunes dont la législation et les structures qui le représentent.
Prenons l’exemple du déséquilibre et d’inégalité entre les trois zones de pêche en Tunisie (le nord, le centre et le sud). En effet, actuellement, les jours de pêche dans la zone nord est de 90 jours par an, ce qui ne peut en aucun cas couvrir la saison en matière de recettes.
Les pêcheurs de la zone nord n’ont pas le droit de pêcher dans les deux autres zones. Ils doivent ainsi couvrir leurs frais pendant 90 jours, ce qui est impossible !
Par contre, le centre bénéficie de 240 jours par an et le sud plus de 240 jours. Cela représente une inégalité totale car ils ont même le droit de pêcher en nord, et ce, en plus de leurs 140 jours.
Les taxes sur les produits de la pêche maritime sont lourdes !
Autre problème majeur: les taxes. En termes de chiffres, les exportateurs paient une taxe sur la facture définitive de 2% pour le repos biologique (l’arrêt de la pêche pendant la période de reproduction des poissons) qui ne concerne d’ailleurs que la zone de Sfax. Alors que nos concurrents marocains, mauritaniens et sénégalais sont subventionnés par l’État.
Nous sommes, malheureusement, en train de quitter notre marché national, qu’on a construit peu à peu pendant plusieurs années.
Vos recommandations au nom de l’UTICA ?
On recommande qu’il y soit une révision totale de la politique de la pêche voire même une révision totale des impositions.
Il faut également favoriser l’aménagement de l’infrastructure portuaire, établir un régime spécial pour la couverture sociale des pêcheurs, mettre en œuvre une stratégie de valorisation des produits maritimes et surtout créer un plan national visant à assurer la sécurité en mer des pêcheurs.
Jihen Mkehli