Les prêts chinois ont dépassé les prêts de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international combinés. L’Empire du milieu est ainsi devenu le plus grand créancier mondial à l’étranger, représentant près de 65% de la dette bilatérale officielle mondiale, avec un encours de dette extérieure estimé à environ 5 600 milliards de dollars en 2020.
Dans un livre blanc publié en janvier 2021, la Chine a qualifié ses prêts de « coopération internationale au développement dans le cadre de la coopération sud-sud » qu’elle entreprend en tant que « membre responsable de la communauté mondiale ». Mais les preuves empiriques pourraient être plus éloignées de la vérité.
Seulement voilà, plusieurs experts mondiaux ont constaté que les prêts chinois sont de nature opaque, avec des conditions fortement biaisées contre le pays emprunteur.
Les niveaux d’endettement hautement insoutenables créés par la Chine dans le monde en développement lui permettent de créer des dépendances économiques et des leviers politiques dans ces pays, avec de graves implications pour le degré de leur souveraineté vis-à-vis de Pékin.
De plus, contrairement à la perception commune, la majeure partie des prêts chinois (près de 60 %) sont offerts à des taux commerciaux plutôt que concessionnels, ce qui est inhabituel pour une « aide au développement » étrangère.
La Chine a toujours soutenu que ses prêts à l’étranger suivent une approche « sans conditions » et respectent le droit des autres pays de choisir « leur propre voie de développement » en mettant l’accent sur le « contrôle des pays en développement ».
L’étude de l’Institut allemand de Kiel et du Center for Global Development, Aid Data et Peterson Institute for International Economics, basé à Washington, analyse une centaine de contrats de prêt chinois avec 24 pays en développement, entre 2000 et 2020, et la compare à 142 non-Chinois.
L’étude révèle que le premier se caractérise par des conditions de prêt extrêmement strictes. Il s’agit notamment de clauses de confidentialité interdisant aux emprunteurs de révéler les conditions du prêt et souvent même l’existence même de ce dernier.
Cela n’est pas conforme aux normes de divulgation de l’aide au développement accordée par les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et crée un problème de « dette cachée » dans le pays bénéficiaire, entraînant une sous-estimation des niveaux réels de surendettement. Cela conduit également à une tendance des gouvernements à suremprunter puisque le public n’est pas au courant de la dette réelle, indique le rapport.
Les pays emprunteurs sont obligés de maintenir des « comptes bancaires spéciaux » dans les banques chinoises où les revenus des projets financés par la Chine sont détenus en garantie.
Les contrats de prêt chinois comprennent également une clause de défaut croisé qui permet au prêteur de résilier le contrat et d’exiger un remboursement immédiat et intégral si l’emprunteur fait défaut à l’un de ses autres prêteurs.
Ils ont également une clause de stabilisation dans laquelle le créancier peut exiger un remboursement immédiat ou une indemnisation en cas de changement important dans les lois du pays emprunteur, y compris les politiques du travail ou de l’environnement.
Cela indique clairement que les conditions de prêt chinoises sont conçues non seulement pour maximiser les intérêts commerciaux purs, mais aussi pour protéger les objectifs politico-stratégiques de l’État chinois. De telles conditions amplifient l’influence du prêteur sur la politique étrangère du débiteur et garantissent qu’il suit toujours la ligne de décision chinoise.