-
Les manifestants crient : « Le peuple veut la chute du régime confessionnel… »
Jeudi, 17 octobre 2019 dans la nuit, des milliers de Libanais étaient toujours dans les rues de la capitale Beyrouth et dans d’autres grandes villes à travers le pays afin de manifester contre une hausse de taxes et les conditions de vie de plus en plus difficiles, malgré l’annonce du retrait de la décision de taxer des applications de messagerie instantanée comme Whatsapp, Skype ou Viber. Une décision qui avait suscité un tollé à travers le pays depuis jeudi matin.
A Beyrouth, les manifestants, qui ont investi les secteurs de Saïfi, la rue Weygand, l’autoroute du Ring, ou encore Ghobeiri, sont venus crier leur ras-le bol en lançant des slogans contre la classe politique. « Le peuple veut la chute du régime », « Révolution », ont scandé certains d’entre eux. Le tunnel Salim Salam a été bloqué à la circulation à l’aide de pneus brûlés et des protestataires ont également coupé l’autoroute menant à l’aéroport de Beyrouth. Des échauffourées ont également éclaté entre forces de l’ordre et manifestants dans la place Riad el-Solh.
Les rassemblements se sont rapidement propagés à d’autres grandes villes du pays, notamment à Tripoli au Liban-Nord, à Saïda, Nabatiyé et Tyr au Liban-Sud, à Taalbaya dans la Békaa, à Bhmadoun et Kahalé, dans le caza de Aley, ainsi qu’à Jounieh et Zouk, Jbeil et Ghazir dans le Kesrouan.
Vers 21h, dans le centre-ville de Beyrouth, des gardes du corps du ministre de l’Education, Akram Chehayeb, ont ouvert le feu avant de forcer leur passage parmi les manifestants qui ont lancé des objets contre les véhicules du convoi. L’un des manifestants a montré des douilles vides aux caméras. Plusieurs rafales d’armes automatiques ont été entendues.
Réagissant à ces événements, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a affirmé avoir demandé à Akram Chehayeb, qui est membre de sa formation politique, de livrer ses gardes du corps qui ont ouvert le feu. « J’ai demandé au camarade Akram Chehayeb de livrer ceux qui ont ouvert le feu en l’air et nous sommes sous le parapluie de la loi, mais nous demandons une enquête transparente et refusons toute agression contre qui que ce soit », a écrit le leader druze sur Twitter.
Commentant les manifestations à la chaîne LBCI, le ministre des Télécoms, Mohammad Choucair, a d’abord pointé du doigt « des mains occultes » qui seraient selon lui derrière ces mouvements. « Cette descente (dans la rue) n’est pas innocente », a-t-il affirmé, refusant de donner plus de précisions. Un peu plus tard, il a annoncé aux chaînes de télévisions locales qu’il avait décidé de revenir sur sa décision de taxer les messageries instantanées, à la demande du Premier ministre, Saad Hariri.
Le ministre libanais de l’Information, Jamal Jarrah, avait confirmé dans un premier temps jeudi que le gouvernement avait approuvé l’imposition d’une nouvelle taxe sur l’utilisation des applications de messagerie instantanée comme Whatsapp, Skype ou Viber. « Une taxe de 20 centimes de dollar par jour sur les appels via les services de messagerie tels que Whatsapp et Viber a été approuvée et nous commencerons à appliquer cette mesure à partir du 1er janvier 2020 », avait lancé M. Jarrah, à son arrivée au Conseil des ministres. Il avait précisé plus tard que cette augmentation générerait environ 200 millions de dollars de recettes par an.
Selon le ministre des Finances Ali Hassan Khalil, cette taxe n’était pas une mesure inclue dans le projet de budget pour l’exercice 2020, mais une décision du ministre des Télécommunications, Mohammad Choucair.