Lors du colloque organisé en collaboration entre l’Ordre des experts comptables de Tunisie (l’OECT) et la Banque Mondiale sur le thème : « La stratégie de sauvetage des entreprises publiques en Tunisie: vision et rôle des experts comptables », l’expert-comptable Jamel Sassi a déclaré que « Si l’Etat veut faire de la politique, il doit le faire loin des les entreprises publiques. Ces dernières doivent être réformées ou restructurées ou bien privatisées afin de les mettre sur le bon chemin. Aujourd’hui, on a environ 199 entreprises publiques opérantes dans différents secteurs. La contribution au PIB de ces entreprises a été de 7,7% en 2016 contre 13% en 2010. La situation financière de ces dernières était déjà difficile avant le déclenchement de la révolution ».
50 entreprises publiques présentent des résultats négatifs totalisant 6524 MD à fin 2016
M. Sassi a présenté les facteurs qui sont à l’origine des difficultés tels que : le cadre obsolète qui est non adapté à la situation et aux enjeux actuels, sureffectifs dus à l’augmentation infondée du nombre des salariés économiquement, augmentation exceptionnelle de la masse salariale, nomination de responsables incompétents à la tête de certaines entreprises publiques. Ces anomalies ont engendré des erreurs de gestion aux conséquences graves. Ajoutons à tout cela, la mauvaise gouvernance et la chute de la productivité, l’assiduité et la discipline défaillantes au travail.
Selon une étude effectuée, 50 entreprises publiques présentent des résultats négatifs totalisant 6524 millions de dinars. 11 entreprises publiques représentant 78% de déficit cumulé. Il s’agit de la TRANSTU, l’Office des céréales, la STB, Tunisair, la STEG, l’Office national de l’huile, le Groupe chimique, l’Office du commerce de la Tunisie, la Société nationale de cellulose et de papier (SNCPA) et El Fouledh.
TRANSTU est la société la plus déficitaire à fin 2016
Toujours selon l’étude, l’entreprise la plus déficitaire n’est autre que la société de transport public TRANSTU. Et ce avec plus de 915 MD à fin 2016, suivie de l’Office des céréales (846 MD de déficit), la STB avec 695 MD et Tunisair avec 506 MD.
Les experts ont épinglé la baisse des recettes de ces entreprises, la difficulté d’ajuster les prix pour des raisons politiques, l’augmentation des dettes, les mouvements de protestation sociale et la faible exploitation des systèmes d’information.
Le programme d’assainissement et de restructuration doit être fait au cas par cas
L’expert-comptable Jamel Sassi a affirmé que les entreprises publiques ont vraiment besoin d’un programme d’assainissement et de restructuration ainsi qu’une série de solutions sur la base d’une étude à mener au cas par cas. Et de préciser : « Certaines entreprises doivent être restructurées moyennant un allègement des effectifs du personnel, un rééchelonnement des dettes et une gouvernance appropriée.
Pour d’autres, l’Etat doit absolument, recapitaliser en injectant des fonds dans le capital et en prenant à sa charge les dettes de l’entreprise afin de lui permettre de repartir du bon pied de façon durable. La recherche de partenariat avec le secteur privé sous forme de PPP ou de partenariat stratégique, voire la privatisation, seraient également une solution pour certaines entreprises ».
Toujours selon lui, il est primordial de traiter l’origine des maux dans le cadre d’un programme de réforme bien réfléchi et dont la mise en application est concrètement possible. Les gouvernants, indique-t-il, ne doivent pas se contenter de faire le constat et d’annoncer quelques mesures en guise de calmants et qu’ils n’arrivent même pas à mettre en œuvre.
D’autre part, l’expert comptable, Maher Gaida a signalé l’impératif de franchir les lignes rouges tracées par les uns et les autres quand il s’agit de réformer les entreprises publiques. « S’il y a une ligne rouge à se fixer, c’est bien celle de l’intérêt du pays », a-t-il déclaré.
N.A