TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT) – La régression de la liberté de la presse est un fait avéré, en Tunisie, surtout avec des lois éculées et d’autres plus répressives qui ont vu le jour, au cours des dernières années. Et, avec les menaces qui pèsent, actuellement, sur les journalistes, avec le recours à le décret-loi 54, au lieu des articles 115 et 116, la menace est réelle sur la liberté des médias, ce qui a conduit à un classement peu honorable pour la presse tunisienne, qui occupe la 118ème place dans le classement mondial de la liberté de la presse de 2024 contre la 121ème place en 2023, sur un total de 180 pays.
Publié ce vendredi matin à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse par l’organisation Reporters sans frontières (RSF), le classement accorde à la Tunisie un score global de 49,97 sur 100 calculé sur la base de deux éléments, à savoir un relevé quantitatif des exactions commises envers les médias et les professionnels des médias dans l’exercice de leurs fonctions et une analyse qualitative de la situation de chaque pays, mesurée au travers des réponses de spécialistes de la liberté de la presse (journalistes, chercheurs, universitaires, défenseurs des droits humains…) à un questionnaire proposé par RSF en 24 langues.
Selon RSF, « l’amendement constitutionnel de juillet 2022, dotant le président de larges pouvoirs législatifs, a mis en péril la séparation des pouvoirs et fait peser une lourde menace sur les acquis de la révolution tunisienne en matière de liberté de la presse ».
En outre, RSF estime que la justice tunisienne continue de se baser sur des textes hérités de l’ère Ben Ali, au lieu de s’appuyer sur les décrets-lois de 2011 plus favorables à la liberté de la presse et de l’information.
« Dans ce contexte de détérioration de l’environnement politique, le décret-loi 54 de septembre 2022, censé lutter contre les “fausses informations”, représente également une nouvelle menace pour la liberté de la presse dans le pays », souligne RSF.
Par ailleurs, l’organisation considère que les médias sont tributaires des annonceurs privés, qui détiennent parfois des parts dans leur capital et peuvent être proches du milieu politique. « Ce contexte menace l’indépendance éditoriale des rédactions », lit-on de même source.
Les réseaux sociaux sont régulièrement utilisés par les partis politiques pour lancer des campagnes de désinformation, décrédibiliser la presse, et instiller méfiance et confusion chez les électeurs, poursuit RSF signalant que les violences verbales des leaders politiques à l’endroit des médias se sont multipliées ces dernières années.
« Les intimidations envers les journalistes se banalisent, et les reporters sont également confrontés à la violence des manifestants tunisiens », d’après RSF.
A noter que le baromètre de RSF fait état de deux journalistes détenus depuis le 1er janvier à ce jour.