par Abdelaziz Kacem
Corruption, manipulation de la justice, religiosité débilitante, telle est la situation délétère où s’embourbe le pays. Pour tout commentaire, un ami, féru de théâtre, recourt à un célèbre aphorisme : « Il y a quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark ».
Ne dérangeons pas Shakespeare, rétorquai-je, le Tunisien n’a pas le sens du tragique, il est tout juste comique. Mais, citation pour citation, j’invoquerai Talleyrand : « Les financiers ne font bien leurs affaires que lorsque l’Etat les fait mal ».
De tous les maux qui s’abattent sur la Tunisie, le crétinisme politique est le plus dévastateur et le plus dur à soigner. Il se généralise. Quoi qu’il en soit, je ne m’abstiendrai pas, je voterai, rien que pour soustraire une humble voix, la mienne, aux bêlements des moutons intégristes. Pour l’instant, j’écoute le blablabla des candidats, à l’affut d’un mot, CULTURE. Au reste, la crise socioéconomique et la crise culturelle sont l’avers et le revers d’une même médaille.
En attendant, je constate. L’arrestation intempestive et outrageusement spectaculaire de Nabil Karoui, quels qu’en soient les justificatifs, jette un discrédit irréparable sur la démocratie et sur la prétendue exception tunisienne. Eût-on voulu renflouer la campagne électorale du détenu, qu’on ne se serait pas pris autrement.
Profitant de l’écran de fumée que l’affaire provoque, seule Ennahdha se la coule douce.Il faut reconnaître à nos islamistes leur sens aigu de l’opportunisme. Les apprentis-sorciers, eux, auront beaucoup de mal à se débarrasser de la suie.