Par Jomâa Assâad*
Nous avions publié, voici quelque temps, un article relatif à la triste « affaire » Moncef Kartas, et y avions redouté que ce rocambolesque dossier n’ait de conséquences négatives sur l’accession de la Tunisie au siège de membre non-permanent du Conseil de Sécurité.
En effet, cette sombre histoire d’espionnite rattachée à la mission officielle confiée par le Secrétaire Général des Nations Unies, excusez du peu, au diplomate onusien, d’origine tunisienne certes, de déterminer les responsabilités dans l’armement des milices djihadistes en Libye post-kadhafienne a eu le plus mauvais effet dans les hautes sphères dans cette institution internationale.
Croyant affaire à un simple second coureau de l’acabit d’un Chafîq Jarraya, putatif agent de liaison à la petite semaine, les gros bras du chérubin sebsien s’en sont donné à cœur joie. Le déplacement du Secrétaire Général de la vénérable organisation mondiale visant principalement à faire entendre raison aux responsables de l’Etat tunisien s’avéra bien vain.
Se rejetant mutuellement la balle, les trois présidents finirent par éconduire le patron des Nations Unies. A coup d’arguties formalistes (équilibres entre les pouvoirs en Tunisie, indépendance de l’appareil judiciaire…) et d’artifices procéduriers (entrée du concerné en Tunisie consignée sur son passeport tunisien, absence de documents attestant le caractère officiel de sa mission…), les dignitaires de l’Etat tunisien s’obstinèrent à faire la sourde oreille. C’est que cette sombre affaire est au cœur même de l’ingénue trouvaille du « tawâfuq » de notre prestidigitateur national : BCE, elle en est même l’un des principaux fleurons.
Sous couvert de continuité de l’Etat, et plus vraisemblablement sur instruction américaine, nos pieux islamistes s’en sont tenus en matière de bon voisinage avec la Libye à la stricte ligne de conduite engagée par BCE du temps où il était simple Premier Ministre… avec, en prime, une petite touche personnelle : alimenter la révolution libyenne non seulement en armes mais, cerise sur le gâteau, en preux djihadistes.
Et voici que cet écervelé Kartas finit par mettre le pied dans cet hermétique nid d’abeilles… que dis-je de bourdons plutôt !
Conséquence, tragique pour la Tunisie, mais ô combien prévisible : notre fauteuil au Conseil de Sécurité des Nations Unies se retrouve, désormais, sérieusement menacé. Notre Ministre des Affaires Sociales a beau se déplacer aux Nations Unies pour plaider la cause tunisienne, allant même jusqu’à forcer la porte de la Maison Blanche, rappelant au bon souvenir des premiers responsables américains les chers services rendus en Lybie… et d’autres encore à venir, rien n’y fit. C’est, vraisemblablement au tour de la Tunisie d’être promptement éconduite. Et ce n’est pas la trop tardive, pour ne pas déroger à la règle, intervention de tonton Béji dans cet énième couac du neveu Chahed, convoqué en grande pompe par le Chef de l’Etat auprès du « Président » ainsi que se plaisent à l’appeler en aparté ses courtisans qui y changera, hélas, grand-chose.
Il est fort à craindre, en effet, que ce ne soit pas le dernier tribut qu’aura à payer la Tunisie à l’éducation politique du jeune protégé, et néanmoins neveu, du premier Président de la seconde République…
* Universitaire