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L’accès de la Tunisie au financement sur les marchés financiers mondiaux dépend du soutien des États-Unis
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La dette publique tunisienne n’est pas viable : encours de crédits «équivalent à 90% du PIB et un déficit budgétaire estimé à 11,5% du PIB
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Le salut financier de la Tunisie entre les mains de USA
L’IHS Markit, un organisme américain international considéré comme référence dans l’analyse économique sur les marchés financiers internationaux (MFI), vient de publier un rapport où il a présenté son évaluation de la sortie annoncée par la Tunisie sur les MFI pour mobiliser 3 milliards de dollars (8.2 milliards de dinars) pour combler le déficit de son budget au titre de l’année en cours.
Le rapport a qualifié cette annonce comme un fait saillant pour un pays, stressé par la dette et qui envisage de lancer des émissions importantes libellées en dollar américain, il estime que le succès de l’opération paraît infime sans la garantie de l’USAID.
IHS Markit a rappelé que le 1er février, Reuters avait annoncé que la Tunisie prévoyait une émission importante de dollars à la suite d’une déclaration du ministre des Finances Ali Koôli à l’agence de presse, et qui a affirmé que la Tunisie est à la recherche de quelques 3 milliards de dollars (8,3 milliards de dinars) de dettes supplémentaires.
Le rapport a noté que plusieurs indicateurs montrent que la dette publique tunisienne n’est pas viable, avec un encours de crédits représentant environ 90% du PIB et un déficit budgétaire estimé à 11,5% du PIB en 2020.
IHS a rappelé aussi que Koôli avait déclaré que la Tunisie cherchait un soutien du gouvernement américain pour 1 milliard de dollars, ce qui pourrait permettre une vente d’obligations adossées aux États-Unis, une voie utilisée par le passé (pour la dernière fois en 2016), et ce, après des accords avec le FMI. À la suite de garanties similaires en 2012 et 2014, la Tunisie a vendu des titres de créance de 500 millions de dollars à cinq ans en 2016 pour un taux annuel de 1,416% sachant que les paiements de principal et d’intérêts étant entièrement couverts par une garantie de l’USAID.
Selon le rapport de l’IHS, la Tunisie fait face à des exigences de dette stressantes, Fitch faisant état d’une forte dépendance au crédit extérieur, indiquant que cela représente 73% de la dette publique totale à fin 2019.
Le budget 2021 prévoit des besoins extérieurs allant jusqu’à 5 milliards de dollars. Le pays devant faire face à de lourdes exigences de remboursement de sa dette de 6 milliards de dollars (16,3 milliards de dinars), ce qui rend le soutien du FMI très important. Un rapport de Fitch a indiqué que les échéances de dette extérieure en 2021 s’élèveront à 2,2 milliards de dollars (6 milliards de dinars), comprenant deux obligations garanties par l’USAID, dont la valeur de chacune est de 500 millions de dollars (1360 millions de dinars). Le rapport affirme également que la Tunisie a eu des discussions avec des prêteurs bilatéraux pour rééchelonner ses obligations, mais qu’elle n’est pas éligible à ce type d’opération.
En termes de perspectives, le rapport d’IHS Markit précise que l’accès de la Tunisie au financement sur les marchés financiers mondiaux dépend du soutien des États-Unis, mais sur une base autonome du fait que la Tunisie présente un risque souverain sévère. Le rapport a rappelé que le ministre des Finances, Ali Koôli a révélé à Reuters que le gouvernement œuvre pour redresser les finances publiques tout en admettant que la situation de la Tunisie est difficile mais cela ne signifie pas que les autorités ne soient en mesure de payer les salaires ou de rembourser la dette publique…