Les débats budgétaires devront débuter demain samedi 24 novembre 2018 sous l’hémicycle après le report des séances plénières décidé mercredi lors de la réunion du bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ce sous proposition du Chef du Gouvernement Youssef Chahed. Place aux débats, aux controverses, aux chicanes politiques et aux discours populistes.
L’examen de la loi de finances et du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2019 tombe mal dans un climat de tiraillements de tous bords. La guerre froide se poursuit entre l’UGTT et le gouvernement Chahed III sur fond des négociations sociales dans la fonction publique, n’est pas pour arranger les choses.
Gel des augmentations salariales
Les augmentations salariales revendiquées par la centrale syndicale ne sont pas en harmonie avec les hypothèses et l’essence même de la loi de Finances. Le budget prévoit un taux de croissance de 3.1% en 2019 contre 2,6% prévu en 2018, un cours du baril de 75 dollars et une augmentation de 8,1% des importations contre 13,2% prévue en 2018.
En effet, le budget de l’Etat prévoit le gel des augmentations salariales et la limitation de la masse salariale au seuil de 14.1% en 2019 contre 14% en 2018. Atténuer le déficit budgétaire pour atteindre 3.9% du PIB tel est l’objectif fixé par le budget de l’Etat au titre de l’exercice 2019. Une maîtrise qui repose sur deux axes essentiels à savoir : la diminution des dépenses de fonctionnement dont principalement les dépenses salariales qui avalent près de 40% du budget et plus de 65% des dépenses de gestion mais aussi la résorbtion des dépenses de suvbentions par la biais des ajustements sucessifs à la hausse des prix à la pompe et de la hausse de la facture d’électricité et du gaz et ce durant trois mois (septembre, octobre et novembre).
Chahed s’engage à maintenir la masse salariale à 13.6% du PIB en 2019
Lors de la quatrième revue tenue en septembre 2018 au titre du mécanisme élargi de crédit, « le FMI a exhorté les autorités à maintenir irrévocablement leur politique d’abstention à toute nouvelle augmentation de salaire en 2018 et respecter les limites d’engagements convenus. Les autorités tunisiennes ont affirmé qu’il n’y aurait pas de place pour des augmentations de salaire dans le budget; et qu’ils vont maintenir l’embauche au minimum dans un avenir prévisible (un ratio de remplacement ne dépassant pas plus de 25%; pas de remplacement pour les départs volontaires) », note un rapport exhaustif du FMI publié en mois d’octobre dernier.
Ainsi, le gouvernement Chahed s’est engagé dans sa feuille de route avec le FMI à réduire la masse salariale à 13,6% du PIB en 2019 à l’exception des postes exceptionnelles de la fonction publique.
Ligne rouge
Pour l’UGTT, le gel des augmentations salariales est une ligne rouge. La centrale syndicale en fervent défenseur de ses affiliés réclame des augmentations salariales à même de préserver leur pouvoir d’achat et de faire face à la flambée des prix à la consommation familiale. L’UGTT revendique des augmentations estimées à 1,2 milliard de dinars. A ce rythme, la masse salariale devra du fait augmenter pour atteindre 17% du PIB. Des attentes qui sont en parfaite contradiction avec les commandements du FMI. D’où le défi du gouvernement Chahed III : sauvegarder la paix sociale ou contenir le déficit budgétaire ?
Ahmed AKKARI