A quelques heures d’intervalle, les deux principaux dirigeant du mouvement islamiste Ennahdha ont donné des versions contradictoires à propos de la présumée existence de l’organisation secrète relevant de leur parti.
D’abord, Rached Ghannouchi qui a reconnu les rapports entre Mustapha Khedher avec certains responsables d’Ennahdha. Il a reconnu aussi avoir une idée concrète sur les documents confidentiels retrouvés chez l’accusé.
« Il s’agit de documents qui se trouvaient par terre devant le siège du ministère de l’Intérieur et autres postes de sécurité durant les premiers jours de la Révolution », a-t-il indiqué avant d’ajouter que Mustapha Khedher a eu le tort de s’occuper de choses qui ne le regardent pas. Pourtant, son intention était bonne. Il voulait aider les services de sécurité à traquer les terroristes… ».
Or, Rahed Ghannouchi n’a pas réalisé que ses propos sont incohérents dans la mesure où on a du mal à croire que des documents traitant de faits ayant eu lieu en 2012 et 2013 puissent se trouver par terre en 2011 !
Pire encore. Le leader du parti islamiste a tenu à dire que « si Mustapha Khedher appartenait à Ennahdha, vous croyez qu’on l’aurait laissé comparaître devant les tribunaux et se faire condamner à la prison ? ». Une façon de dire que ce parti a le pouvoir d’intervenir, dans un sens comme dans l’autre, dans le déroulement de la chose judiciaire.
C’est pourquoi on comprend ces appels de tous les dirigeants d’Ennahdha à « laisser la magistrature faire son travail ! »
Pour sa part, Abdelkrim Harouni, est catégorique. Il n’y a aucune organisation secrète et «tous ceux qui ont lancé cette information infondée seront poursuivis en justice». Ni plus, ni moins. Autrement dit, la moitié des Tunisiens, voire plus sont concernés par la mise en garde de Harouni, président du Conseil de la Choura, la plus haute autorité du parti islamiste d’Ennahdha.
Et si on suit ce raisonnement, même Béji Caïd Essebsi et les membres du Conseil de sécurité nationale sont visés par la menace de poursuite en justice puisque le président de la République a dit en public que l’organisation secrète est une réalité !
Il faut dire que M. Harouni était, très en colère et semblait hors de lui en lançant lesdits propos, ce qui prouve que les «Barons» d’Ennahdha sont déstabilisés et ne savent plus sur quel pied danser face aux multiples révélations faites par le Comité de défense dans les affaires d’assassinats des deux martyrs, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
D’ailleurs, face aux données concrètes rendus publiques par ledit Comité, les dirigeants d’Ennahdha restent dans le déni et opposent de simples démentis sans la moindre argumentation ni des contre-preuves et, bien entendu, « les inévitables appels à s’adresser à la justice qui doit être laissée libre à faire son travail… ».