-
Kaïs Saïed n’écoute que sa propre personne et n’admet que son propre projet
-
Qui est resté aux côtés du président de la République, censé rassembler tous les Tunisiens ?!
Il y a eu la lutte contre la corruption, puis la lutte contre les anomalies au sein de la justice. Ensuite, il a la lutte pour faire réussir la consultation électronique, présentée comme un substitut au dialogue national, et enfin la lutte contre la spéculation.
Et à chaque fois, le chef de l’Etat présente le phénomène comme étant des tentatives voire des complots destinés à affaiblie l’Etat et, par voie de conséquence, l’affaiblir à lui dans le sens où l’Etat se résume, désormais, en sa personne puisqu’il détient tous les pouvoirs sans le moindre partage tout en faisant de sorte que ses décrets n’admettent aucun recours !…
Sant trop revenir en arrière, nous traiterons de la dernière bataille engagée par Kaïs Saïed contre les spéculateurs qui dominent les circuits de distribution que le chef de l’Etat surnomme, dans un souci de faire la rime, les circuits d’affamation.
En effet, pour le président de la République les spéculateurs ne cherchent pas le gain facile et rapide, mais ils sont en train de comploter pour faire affamer les Tunisiens dans l’objectif évident de faire monter le peuple contre le lui et faire échouer son projet.
Fait significatif corroborant cette idée, devenue fixe chez le chef de l’Etat. En recevant la citoyenne condamnée à une amende pour « détention de farine sans quittance » et qui lui parlait du drame des jeunes, « harraqas », Kaïs Saïed lui répondait en évoquant le complot contre la consultation électronique que les seuls les jeunes veulent faire réussir avant d’accuser les défaillances chez une partie des magistrats.
Mais il ne veut pas admettre l’erreur d’avoir placé cette lutte contre la spéculation sur une voie biaisée ouvrant la voie à tous les abus et autres dépassements dans une ambiance de polémique voire d’hystérie.
Ces déviations et ces entames erronés de la lutte contre la spéculation ont amené les deux principales organisations nationales, habituellement partenaires sociaux du pouvoir exécutif, à monter au créneau et à prendre des positions contraires à celles prônées par le locataire du Palais de Carthage.
Et la Déclaration rendue publique par la Centrale patronale est significative à plus d’un titre. Tout en reconnaissant la nécessité de s’opposer aux spéculateurs, l’UTICA critique sévèrement la manière suivie par Kaïs Saïed et son gouvernement dirigé par Nejla Bouden.
L’UTICA assure que tout réside dans la crise de confiance qui sévit dans le pays entre gouvernants et gouvernés et affirme que la stratégie mise en place va mener à des résultats contraires à ceux escomptés dans le sens où elle adresse des signaux négatifs aux hommes d’affaires, aux promoteurs de projets et aux investisseurs, en général
L’UTICA va jusqu’à dénoncer vigoureusement les descentes visant les entreprises et exprime son rejet des arrestations tout en fustigeant la campagne de « diabolisation et de diffamation touchant les propriétaires des entreprises entraînant leur lynchage sur les réseaux sociaux… ».
L’UGTT a, pour sa part, estimé que les raisons de la rareté des dentées résident certes, en partie, dans le comportement de certains spéculateurs, mais elles sont dues, en gros, dans le manque flagrant des produits, ce qui exige d’autres solutions à des problèmes structurels.
Ainsi, avec cette affaire de « spéculations », Kaïs Saïed a fini par réussir la gageure de se mettre sur le dos, à la fois, les deux principales organisations nationales. Autrement dit, le chef de l’Etat a réussi la gageur de se retrouver terriblement seul dans la gestion des affaires de l’Etat qu’il ne peut assurer que grâce à des « faits accomplis » sous formes de décrets présidentiels que tout le monde accepte d’appliquer parce que le président de la République est l’unique à disposer de l’argument dissuasif des forces sécuritaires et militaires armées.
En tout état de cause, cette situation prouve, si besoin est, que le chef de l’Etat n’écoute aucune composante des forces nationales du pays d’où leur « désertion » au point de faire soulever la question suivante : qui est resté aux côtés du président de la République, pourtant censé rassembler et unir tous les Tunisiens autour de lui ?!…
C’est ce qu’on appelle l’insolite réussite de faire l’unanimité…contre lui !
Noureddine HLAOUI