- Une nouvelle crise en perspective avec l’Algérie
TUNIS – UNIVERSNEWS (MONDE) – C’est le temps des réconciliations entre le Maroc et la France qui a perdu son aura en Afrique et, en particulier, au Maghreb limitrophe de l’Europe… et, relations économiques obligent, le président français, Emmanuel Macron, cherche à redorer son image, avec un contrat des plus juteux, avec le Royaume chérifien, consistant en l’achat de pas moins de 188 Airbus. La compagnie aérienne publique marocaine prévoit de se doter de près de 200 nouveaux avions afin d’accompagner la mise en œuvre de la feuille de route stratégique du développement du secteur touristique pour la période 2023-2026.
Ainsi, Macron débute, à partir de ce lundi 28 octobre, une visite de trois jours au Maroc, après des années de tensions avec le roi Mohammed VI. Cette visite, qui fait suite à une invitation fin septembre du souverain du royaume chérifien, «vise à marquer une nouvelle ambition pour les 30 ans à venir» dans la relation franco-marocaine, s’est félicité l’Élysée.
Les deux pays, forts d’un «partenariat enraciné et solide», ont une «volonté commune» de «raffermir les liens» qui les unissent, renchérit le cabinet royal. Un ton résolument optimiste qui tranche avec la mésentente au sommet observée trois ans durant, ponctuée par des campagnes contre la France dans les médias proches du pouvoir marocain. Politique de «l’autruche» sur le Sahara occidental, «duplicité», «tropisme algérien», «trahison et félonie»… L’ancienne puissance coloniale était alors vouée aux gémonies, selon une analyse de la chaine CNews.
La dernière visite d’Etat d’un président français dans ce pays allié du Maghreb remonte à celle de François Hollande en avril 2013. Emmanuel Macron, qui y avait effectué une visite de travail en 2017 au tout début de son premier mandat, avant d’y retourner en 2018 pour inaugurer la ligne de train à grande vitesse Tanger-Casablanca avec le roi, boucle ainsi la boucle.
Pour marquer ce temps fort, le président et son épouse Brigitte seront accompagnés d’une imposante délégation, dont les ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et des Armées Sébastien Lecornu. L’avion présidentiel sera accueilli par Mohammed VI, à Rabat, vers 16h30, ce lundi. Les deux chefs d’Etat rejoindront ensuite le Palais royal à bord d’une voiture d’apparat pour un entretien en tête-à-tête suivi d’une signature d’accords (énergie, eau, éducation et sécurité intérieure).
La lutte contre l’immigration illégale, pomme de discorde entre les deux pays, et le Sahara occidental seront au cœur de la visite. Cette ex-colonie espagnole, considérée comme un «territoire non autonome» par l’ONU, oppose depuis un demi-siècle le Maroc aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par Alger. Après la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a multiplié les pressions sur la France pour qu’elle en fasse autant. En juillet dernier, Emmanuel Macron a fini par considérer que l’avenir du Sahara occidental s’inscrivait «dans le cadre de la souveraineté marocaine», ouvrant la voie à un réchauffement avec Rabat et par ricochet à une nouvelle crise avec Alger.